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samedi 19 décembre 2009

The Strokes : Is This It (2001)

Les Strokes sont à l'origine d'une révolution culturelle : c'est grâce à eux que depuis dix ans les vitrines de magasins aussi branchés que C&A et Celio sont ornées de guitares en carton et de pseudo kits de batterie ! C'est la mode du rock, ses fétiches et ses gri-gris doivent être affichés partout. On peut s'en lasser... Mais avant d'être devenu un cliché, ce "retour du rock" a permis de révéler une brassée d'excellents groupes : Libertines, Raveonnettes, Kills... et Strokes, donc.
Tout a été dit et redit sur les Strokes. La bande se forme en 1997. Julian Casablancas aux vocaux, Nick Valensi à la guitare, Nikola Fraiture à la basse, Fabrizio Moretti à la batterie. En 1998, Albert Hammond Jr, ami de Casablancas, intègre le groupe. Les Strokes ont de belles gueules, sont issus de milieux plutôt aisés : Casablancas et Hammond Jr. se sont connus dans un pensionnat suisse. On n'a pas affaire à des punks à chiens...
De démos en concerts, aidés par Ryan Gentle, dénicheur de talents, Gordon Raphael, producteur, et JP Bowersock, gourou (sic), les Strokes font leur trou. Au printemps 2001, le groupe signe un contrat avec la maison de disque RCA. Le premier album est enregistré en six semaines, à New York, sous la houlette de Gordon Raphael. Le groupe ne s'encombre pas de sophistications et privilégie les prises en quasi live. Is This It débarque le 27 août 2001 au Royaume-Uni et sort le 9 octobre aux Etats-Unis d'Amérique. En France, Rock & Folk leur consacre sa couverture. C'est le début de la mania : flopées de groupes en "The", jeans slim et Converse, baby-rockeurs, BB Brunes et Naast, et, donc, guitares en carton dans toutes les vitrines de tous les magasins... Accessoirement, disque de platine, célébrité, buzz et hype pour la bande à Casablancas. Tout cela est il bien mérité ?
Oh que oui ! Huit ans après sa sortie, Is This It n'a rien perdu de ses saveurs, il s'est même bonifié. Sec comme un coup de trique, l'album ne révèle aucun temps mort, se déguste d'un trait et exige, une fois l'écoute terminée, que l'on presse de nouveau la touche "Play". Les chansons des Strokes sont addictives au plus haut degré. Le disque commence pourtant mollement. "Is This It", morceau dévitalisé, montre un Casablancas au ton morne, traînant son ennui : "I'm just way too tired". On se dit que cette jeunesse n'a pas de santé, et que l'on va se passer des Strokes, lorsque résonne "The Modern Age". La basse ne fait pas de quartier, les guitares sont parfaites de précision, les solos sont secs comme des os, la batterie fait, sans chichi, son office de métronome... et Casablancas trouve son truc. Une façon bien à lui de chanter : un mélange de désillusion et de fébrilité, mixte inédit de trépignement, de rage et de désabusement. Ce ton singulier est souligné par une technique astucieuse : la voix de Casablancas est traitée par les systèmes de distorsion du son employés pour les guitares électriques. Cela donne à la voix du chanteur des Strokes des effets de saturations et des inflexions métalliques, qui viennent renforcer un style déjà singulier.
Dès lors, dès "The Modern Age", l'album est sur des rails, lancé à toute allure. Les morceaux défilent comme à la parade. Ils suivent tous, peu ou prou, le schéma de "The Modern Age". Seul, sur la fin, "Trying Your Luck" tente de calmer le jeu. Mais, pour le reste, de "Barely Legal" en "Last Nite", de "New York City Cops" en "Alone Together", l'ambiance est survoltée. Les Strokes ont su prendre le meilleur du Velvet, d'Iggy, de Television, de Blondie, et élaborent, avec ces ingrédients, un concentré d'énergie, un classique instantané, une bombinette pop, un must.
Court, dense, Is This It résonne comme un manifeste.L'idée maitresse des Strokes : jouer, enfin, à nouveau, un rock sec, tendu, fin, sexy. Oubliés les masques de robots et les chemises à carreaux. L'Oasis est éventé, on trouve Albator ringard. Is This It jette une lumière crue sur la production de musique pop des années 90, en offusque une grande partie et nous révèle à quel point nous avions souffert.

Mr. Pop

(http://www.thestrokes.com)

Tracklisting :

1. Is This It - 2:35
2. The Modern Age - 3:32
3. Soma - 2:37
4. Barely Legal - 3:58
5. Someday - 3:07
6. Alone, Together - 3:12
7. Last Nite - 3:17
8. Hard to Explain - 3:47
9. New York City Cops (International) - 2:57 / When It Started (USA) - 3:36
10. Trying Your Luck - 3:27
11. Take It or Leave It - 3:16

Le lien pour écouter l'album sur deezer :
http://www.deezer.com/fr/#music/the-strokes/is-this-it-101618

Quelques vidéos :








dimanche 22 novembre 2009

Chronique : Cornershop - Judy Sucks Lemon For Breakfast (2009)

Cornershop est un groupe britannique formé en 1992 par les frangins Tjinder Singh (chanteur, compositeur, joueur de dholaki) et Avtar Singh (basse, chant) et mélangeant musique indienne, rock et musique électronique.
Le nom du groupe fait référence à l'échoppe indienne du coin de la rue...
Ce Judy Sucks Lemon For Breakfast est leur sixième album depuis Hold On It Hurts en 1994.
En règle général ce genre de choc des cultures est souvent indigeste. Pour autant les Cornershop arrivent par instant à fournir des titres de très bonne qualité sans pour l'instant arriver à maintenir un haut niveau de qualité sur la durée d'un album.
Ce Judy Sucks A Lemon For Breakfast ne fait pas exception à la règle. Des pistes comme "Operation Push", le disco de "Half Brick", "Judy Sucks Lemon For Breakfast" ou encore "Chamchu" n'atteignent pas leur cible. Par ailleurs, l'apport d'instruments indiens fait également souffler un vent de fraîcheur sur des compositions qui n'auraient pas en temps normal forcément retenues l'attention ("Soul School" ; "Free Love").

Mais comme à l'accoutumée on a le droit à des pistes de bien meilleure tenue comme le drôlatique "Who Fingered Rock'nRoll" où le groupe singe les groupes seventies (ou le Primal Scream de Give Out But Don't Give Up au choix...), l'excellent "The Roll Off Charachteristics (Of History)" ou "The Mighty Quinn" très Beatles période Abbey Road.

Un peu juste c'est vrai pour conseiller l'album mais Cornershop reste un groupe attachant capable de proposer de très bons morceaux. Même si l'appellation peut paraître péjorative, avec Cornershop on se dirige vers l'archétype du groupe à best of. Pour autant on en dira pas toujours autant des groupes anglais actuels ...

Frank


Tracklisting :

01-"Who Fingered Rock 'n' Roll"
02-"Soul School"
03-"Half Brick"
04-"Judy Sucks a Lemon for Breakfast"
05-"Shut Southall Down"
06-"Free Love"
07-"The Roll Off Characteristics (Of History in the Making)"
08-"Operation Push"
09-"The Mighty Quinn" (Dylan)
10-"The Constant Springs"
11-"Chamchu"
12-"The Turned on Truth (The Truth Is Turned On)"

Quelques vidéos :


dimanche 8 novembre 2009

Chronique : Benjamin Biolay - La Superbe (2009)

Tout le monde connaît Benjamin Biolay ! Ses quelques passages dans les médias l'inscrivent dans la grande tradition, initiée par l'Homme à la Tête de Chou, des chanteurs-provocateurs-têtes à claques à la française. Ajoutez à cela une réputation collant à la vision bien stéréotypée du "bobo", des "articles de fond" sur ses idylles sentimentales rédigés par la presse de salle d'attente médicale (aussi appelée "presse people"), et tout semble fait pour que Biolay devienne le péstiféré des mélomanes.
Mais cela ne doit pas faire oublier que Biolay est également un musicien, et qu'il sort cette année son nouvel opus.
Et le moins que l'on puisse dire est que Benjamin n'est pas radin : La Superbe est un double album, dont le single éponyme était déjà disponible en téléchargement libre, pour peu qu'on le demande gentiment au site web du chanteur. "Quoi ? Un double album ? Trop long ..." s'exclame M. Pop, qui sait que marier quantité et qualité constitue généralement une gageure, bien qu'il soit également fan de l'ami Biolay. Donc qu'en est-il de cet étrange objet ?

Eh bien, si Biolay a passé une bonne partie de ses interventions médiatiques à tenter de flinguer la "Nouvelle Chanson Française Télérama-France Inter" (son fameux "la chanson française me débecte"), il y parvient de façon bien plus pertinente en une bonne vingtaine de titres, tous plus bluffants les uns que les autres.

Le morceau donnant son titre à l'album constitue d'entrée de jeu ce que Biolay faisait de mieux jusqu'ici : arrangements de corde délicats et lancinants, discrète partition d'un piano pourtant omniprésent, bref, le sommet de la symphonie pop biolaysienne qui synthétise assez bien tout ce qu'on avait adoré de lui depuis son premier album Rose Kennedy.

Cependant, Biolay impressionne cette fois par sa capacité à se réapproprier des influences qui semblent parfois attendues, et d'autres fois totalement insoupçonnées.

Ainsi, Night Shop est un hommage le plus vibrant à Bashung : le chant, le rythme et la symphonie évoquent une Fantaisie Militaire jamais entendue, ce qui constitue un plaisir forcément déléctable. De même, Miss Catastrophe conjugue l'influence tutélaire de Gainsourg et Bashung : paroles aux sonorités dures et cruelles de l'un, mêlées à une mélodie aux nuances claires-obscures amères de l'autre.
A l'opposé, l'artiste s'offre des incursions new orderiennes surprenantes et réussies (Si Tu Suis Mon Regard, Prenons le Large, Assez Parlé de Moi), des hits potentiels que la maisons de disque a pu s'offrir le luxe de ne pas proposer en singles.
Mais ces influences plus ou moins prégnantes ne font pas oublier que Biolay reste Biolay.

En effet, s'il est des aspects de l'oeuvre du compositeur qui n'ont pas disparu avec le changement de maison de disque opéré avant la sortie de ce nouvel album, c'est bien la noirceur, la colère et la mélancolie (votre serviteur a d'ailleurs eu le courage insensé d'écouter l'album en entier lors d'un week-end pluvieux, ce qui est fortement déconseillé).

Ainsi, soucieux de racheter son image de "mauvais garçon", l'artiste apporte sa modeste contribution au débat national initié par M. Besson (mais si, vous savez bien, "c'est quoi, être français ?"), en livrant une radiographie concise et cinglante de notre société, expédiée en une trentaine de vers, ironiquement intitulée Sans Viser Personne. Sa réponse est simple : "Déçu de nous, déçu de tout.". Tout y est dit avec un minimum d'effets, avec une finesse toute relative, mais avec une parfaite élégance.
Entre la ballade naïve et suicidaire 15 Août, au climat sonore lourd évoquant le déjà regretté Jacno, et le résumé glacé d'une relation amoureuse, mis en musique avec Jeannne Cherhal dans Brandt Rhapsodie, Biolay s'enfonce plus encore dans les tréfonds de son égo torturé.
Les petites lâchetés et rancoeurs inhérentes à beaucoup (toutes ?) d'histoires sentimentales sont décrites sans concessions (Tout ça Me Tourmente, Jaloux de Tout), enrobées parfois par des sonorités d'une douceur ironique toute smithsienne.
Probablement le moment le plus émouvant de l'album, Ton héritage est une mélodie dédiée à la fille du chanteur, emplie de bout en bout d'un optimisme totalement désespéré.

L'album se clôt par le morceau de facture plus classique mais délicate, 15 Septembre, histoire d'une rupture mélancolique qui s'achève par des paroles constituant une variation du morceau introduisant ce même album (La Superbe) , un petit gimmick idiot mais délicieux, tant il conforte le sentiment global de cohérence apporté par le double CD.

Avec La Superbe, Biolay semble commencer à s'imposer comme le potentiel "futur patron de la chanson française : son écriture s'est encore affinée (l'influence de la poésie des textes de Bashung) sans qu'il ne renie ses thèmes de prédilection, la tonalité globale de sa musique s'est encore assombrie et des fulgurances pop anglo-saxones traversent de part en part un album d'une richesse surprenante.

La Superbe est une définitivement drogue dure : vénéneuse et hautement addictive.

M. Indie

http://www.myspace.com/benjaminbiolay

L'album en écoute sur deezer :
http://www.deezer.com/en/index.php?incr=1#music/benjamin-biolay/la-superbe-392891

Disque 1
1- La superbe (choeurs : Gesa Hansen)
2- 15 août (lettre lue par Valérie Donzelli)
3- Padam
4- Miss Catastrophe
5- Ton héritage
6- Si tu suis mon regard
7- Night Shop
8- Tu es mon amour
9- Sans viser personne (Benjamin Biolay / Benjamin Biolay - Pierre Jaconelli)
10- La toxicomanie
11- Brandt Rhapsodie (Benjamin Biolay - Jeanne Cherhal / Benjamin Biolay en duo avec Jeanne Cherhal)

Disque 2
1- L'espoir fait vivre
2- Prenons le large
3- Tout ça me tourmente (voix : Jeanne Cherhal)
4- Assez parlé de moi
5- Buenos Aires (voix : Frederico Schindler)
6- Raté
7- Lyon presqu'île (voix : Alka)
8- Mélancolique
9- Reviens mon amour
10- Jaloux de tout
11- 15 septembre
12- Les grands ensembles (titre bonus présent dans l'édition limitée)


jeudi 15 octobre 2009

Oldies But Goodies : The Kinks - Something Else (1967)

Les Kinks, c'est comme les Beatles ou les Stones : si on avait pour l'instant soigneusement évité d'en parler, c'est pour la simple raison que l'on souhaitait prendre notre temps tout ayant déjà été dit sur ce formidable groupe anglais.
Car comme vous le savez sans doute tous, la bande à Ray et Dave Davies, Peter Quaiffe (basse) et Mick Avory (batterie) est certainement l'un des plus grands groupe des années soixante. Pour l'amateur éclairé (ou non) l'ensemble de leur discographie entre 1964 et 1969 est à se procurer. Seuls les Beatles et les Stones peuvent éventuellement les égaler (Stones) ou les surpasser (Beatles). Voilà pour les poncifs...
Pourtant on ne viendra pas vous bassiner une nouvelle fois avec The Village Green Preservation Society, salué unanimement par la critique comme LE chef d'oeuvre ultime des Kinks. Non que l'on remette en cause ce jugement, mais que malheureusement la notoriété de Village Green empêche de mesurer le pas décisif que fut ce Something Else dans la discographie des Kinks. Un peu comme si on parlait de Revolver sans considérer que Rubber Soul marquait l'apogée des Beatles première formule. Il en est de même avec les Kinks. Ce Something Else est un ovni : alors que tout le monde se met à intégrer des éléments psychédéliques dans son rock ou sa pop, Ray Davies lui poursuit son oeuvre, affine ses compositions et se permet d'offrir au monde un chef d'oeuvre de disque pop, baroque voire victorien par moment, poussant la formule déjà décelable sur le précédent opus à son paroxysme. Après ce Something Else, la route est tracée, la voie est libre pour Village Green.
Tout est d'une beauté sans nom sur ce disque, les tubes sont à foison : "David Watts" que reprendra avec bonheur The Jam ou "Waterloo Sunset" évidemment qui avec ses harmonies délicates et ses arrangements classieux sera un des tubes de 1967. Si le groupe maîtrise parfaitement les morceaux aux rythmes enlevés ("David Watts" ou "Tin Soldier Man"), il est également remarquablement à l'aise sur des tempos plus apaisés ("No Return" aux accents bossa, le vaporeux "Lazy Old Sun" ou le vaudevilesque "Harry Rag")
L'album est aussi l'occasion de découvrir un Dave Davies compositeur, et qui place ici une des meilleurs chansons des Kinks ce "Death Of A Clown" qui évoque curieusement un certain Bob Dylan (My makeup is dry and it clags on my chin / Im drowning my sorrows in whisky and gin / The lion tamers whip doesnt crack anymore /The lions they wont fight and the tigers wont roar).
Les textes sont d'une grande qualité, comme à l'accoutumée on a envie de dire, notamment sur ce "Two Sisters", splendide composition où Ray Davies pose un regard que l'on devine à sa voix attendrissant, sur la situation de deux soeurs, l'une mère au foyer jalousant l'autre et ses soirées mondaines (Sylvilla looked into her mirror / Percilla looked into the washing machine / And the drudgery of being wed / She was so jealous of her sister / And her liberty, and her smart young friends / She was so jealous of her sister).
Le talent de compositeur de Ray Davies, ce don pour mettre en musique des scénettes de la vie quotidienne transparaît de chacune des pistes ce ce Something Else. La réédition CD de l'album offre d'ailleurs 8 pistes supplémentaires dont un morceau injustement (à notre avis) écarté de l'album ce "Autumn Almanach" où Ray évoque les rhumatismes d'un jardinier (From the dew-soaked hedge creeps a crawly caterpillar / When the dawn begins to crack / Its all part of my autumn almanac.) mais également d'autres pépites comme "Act Nice And Gentle" ou la très belle ballade "There's No Life Without Love"

Cet album est indispensable pour plusieurs raisons. Tout d'abord il permet de mesurer pourquoi l'on considère Ray Davies comme l'un des plus grands compositeur et parolier des années soixante. Ensuite cet album est une merveilleuse introduction à l'univers si particulier, so british, des Kinks. Enfin, il permet de mesurer l'impact qu'a eu les Kinks sur l'ensemble de la pop anglaise : tous les groupes de pop anglais des décennies suivantes doivent beaucoup aux Kinks et à Ray Davies en particulier.

Frank

Tracklisting :

Side 1 :
1. "David Watts"
2. "Death of a Clown"
3. "Two Sisters"
4. "No Return"
5. "Harry Rag"
6. "Tin Soldier Man"
7. "Situation Vacant"
Side 2
8. "Love Me Till the Sun Shines"
9. "Lazy Old Sun"
10. "Afternoon Tea"
11. "Funny Face"
12. "End of the Season"
13. "Waterloo Sunset"
Bonus tracks (CD remasters)
14. "Act Nice and Gentle"
15. "Autumn Almanac"
16. "Susannah's Still Alive"
17. "Wonderboy"
18. "Polly"
19. "Lincoln County"
20. "There Is No Life Without Love"
21. "Lazy Old Sun" (Unreleased alternate stereo take)





mercredi 16 septembre 2009

Chronique : Palpitation - I'm Happy Now (2008)

Les deux Suédoises de Palpitation donnent bien du fil à retordre à leurs fans... Leur EP de 2008, I'm Happy Now, sur le label Hide & Seek, est impossible à dénicher et leur site web se résume à quelques photos commentées en suédois. Qui compose le duo ? "You and me" répond le Myspace des demoiselles. Ces farceuses, sur leurs photos et vidéos, sont systématiquement affublées de masques... Pourquoi tant de secrets ? Parce que seule la musique doit compter. C'est ce qu'on a cru comprendre, à la lecture d'une micro-interview dénichée sur le net. Difficile de faire plus indépendant et confidentiel que Palpitation. Cet anonymat est fort dommage : I'm Happy Now contient huit superbes bombinettes pop. Les deux inconnues de Palpitation ont du goût et du talent : leur mélodies s'inspirent avec bonheur des Stokes et des Bangles, des Go-go's et des Smiths. Véloce ("Next Stop Tennessee" ,"This Is It") ou mélancolique ("Can I Blame You", "I Lost And Died"), la pop aux lignes claires séduit d'emblée. Pour une raison bien simple : la voix de la chanteuse. Voilée, cassée, la voix de Palpitation est incroyablement sexy. Portées par un tel timbre, des fadaises deviennent cruciales ("I have to move to Tennessee/before I go crazy about you"). Jouant de ses félures, la chanteuse reste d'une élégance impeccable, et sait éviter les effets pathétiques et les facilités. Quelle voix ! C'est un flacon de Chanel n°5 passé au papier de verre.
Palpitation a tout compris. Le duo ne nous encombre pas de sa vie et de ses opinions, se cache, et livre, presque à regret, vingt minutes d'une pop qui a une classe folle. C'est parfait !

Mr. Pop

(http://www.myspace.com/palpitationband)


dimanche 26 juillet 2009

Oldies But Goodies : The Byrds - Younger Than Yesterday (1967)

Younger Than Yesterday, sorti en 1967, est le quatrième album d'un groupe alors composé de Michael Clarke (batterie), David Crosby (guitare et chant), Chris Hillman (basse et chant) et Roger McGuinn (guitare et chant).
Après l'échec relatif de Fifth Dimension, notamment du à un boycott des radios qui refusent de passer des "chansons de drogués" (sic), l'enregistrement est assez tendu, les premières dissensions se faisant jour... C'est à cette époque que Crosby passe de plus en plus de temps avec les membres de Buffalo Springfield (Stills et Young...) qui a enregistré l'année précédente leur premier album.
De plus, pour la première fois le groupe se présente sous la formule du quartette, après que Gene Clark est jeté l'éponge (officiellement pour sa phobie des voyages en avion ! A moins que Clark n'accepte que modérément que sa mainmise sur le songwriting du groupe soit mise à mal par Crosby et McGuinn ? )
Le groupe se déchire même sur le choix du tracklisting...(1)

Comme souvent, ces difficultés et ces tensions permettent néanmoins aux membres des Byrds de se transcender... Car l'album apparaît aujourd'hui comme l'album de la maturité des Byrds, et même comme un des joyaux des sixties.

On connaissait les talents de compositeurs de Roger McGuinn et David Crosby mais la surprise vient de Chris Hillman qui s'impose comme le 3e songwriter du groupe profitant de la place laissée vacante par Gene Clark ! Pour rappel à quelques notables exceptions (Beatles, Stones...) la plupart des groupes de l'époque n'avaient en leur sein qu'un compositeur (ou pas du tout)... (2)

L'album explore toutes les genres et part dans toutes les directions, à la croisée des chemins entre passé, présent et avenir. Ainsi pour la quatrième fois le groupe reprend Dylan avec " My Back Pages ", splendide morceau aux superbe paroles (" Ah, but I was so much older then, / I'm younger than that now. " - d'où le titre de l'album). Ce morceau avait été considéré par beaucoup comme dénotant un regard amer de Dylan sur les protest songs du passé, une désillusion, un désenchantement sur un mouvement et un style qu'il a fortement contribué à populariser.
Toujours présent également, le coté psychédélique qui marquait leur précédent enregistrement Eight Miles High notamment sur " CTA-102 " qui se termine sur des gargouillis d'un bébé qui semblent sortis d'un film d'épouvante, les Byrds inversant les bandes pour obtenir cet effet . Ce recours aux bandes inversées, est également utilisé sur " Thought and Words " ou sur l'orientalisant " Mind Gardens " que n'aurait pas renié un Georges Harrison...
L'influence des Fab Four est palpable, notamment sur les compositions de Hillman, " Have You Seen Your Face " et surtout " Thoughts and words " aux choeurs remarquables.
Mais il y est aussi question d'avenir sur ce disque avec les prémisces du country rock qui marquera Sweetheart of the Rodeo notamment sur " Time Beetween " et " The Girl With No Name ".

Difficile de dégager un morceau plus qu'un autre sur ce disque impeccable tant les chefs d'oeuvre sont légion.
Ainsi l'introductif " So You Want To Be A Rock And Roll Star " sur lequel les Byrds se moquent des Monkees et plus largement de l'industrie du disque est 42 ans après sa sortie malheureusement toujours d'actualité... et sera d'ailleurs repris entre autres par Patti Smith et Tom Petty (3).
Sur " Everybody's Been Burned ", le groupe réussit à égaler des artistes comme Fred Neil ou Harry Nilsson renouant quelque peu avec le folk des débuts.

A la croisée donc de toutes leurs influences, mélant folk, country, pop et rock psychédélique, les Byrds réussissent néanmoins à offrir un album d'une grande cohérence malgré l'assemblage hétéroclite qui le compose... et les choix du tracklisting. " It Happens Each Day ", "Don't Make Waves " et le single "Lady Friend" qui apparaissent en bonus sur la version remasterisée attestant de l'énorme potentiel dont disposait les Byrds à l'époque. Malheureusement l'époque en a décidé autrement, et Younger Than Yesterday n'aura qu'un succès relatif empêchant les Byrds d'être reconnus comme l'égal des Kinks, Beatles ou autre Beach Boys.

David Crosby et Michal Clarke partiront durant l'enregistrement de Notorious Byrds Brothers. Gram Parsons rejoindra les membres restant pour un Sweetheart Of The Rodeo, premier véritable album country pour les Byrds. Une page se tourne.

Younger Than Yesterday marque donc l'apogée des Byrds première mouture, à nos yeux la meilleure, même si la période country comporte d'excellents morceaux, plus rien ne sera plus comme avant.

Mr Rock

(1) la version remasterisée mettra tout le monde d'accord en proposant les morceaux écartés à l'époque
(2) Ainsi une compo est signée Hillman / McGuinn, le single, qui ouvre l'album, « So You Want To Be A Rock And Roll Star », 4 pour Hillman, 2 pour Crosby, 2 pour le duo Crosby / McGuinn, 1 McGuinn / Hippard auquel s'ajoute « My Back Pages » signé Dylan.
(3)Patti Smith sur Wave en 1979 et Tom Petty le reprenait régulièrement en live lors de la tournée Southern Accents

L'album est en écoute sur deezer :
http://www.deezer.com/fr#music/album/111737

jeudi 16 juillet 2009

Chronique : Camera Obscura - My Maudlin Career (2009)

My Maudlin Career est un disque qui souffre du syndrome du banana split : c'est excellent au début, écoeurant sur la fin... Mais d'abord un petit mot sur Camera Obscura : groupe de Glasgow, formé en 1996, quatre albums au compteur, le premier produit par Stuart Murdoch, king of pop chez Belle & Sebastian, le petit dernier lancé par le label 4AD. Tout pour plaire, donc : le groupe de Tracyanne Campbell collectionne les bons points. Nous sommes en présence d'un orchestre qui fait preuve d'un irréprochable bon goût pop. My Maudlin Career ne déroge pas, produit de manière pimpante par Jari Haapalainen, orné de beaux arrangements de cordes et de cuivres par Björn Yttling (de Peter Bjorn and John).
L'album débute en fanfare, enchaînant quatre morceaux d'exception. En ouverture, "French Navy" abasourdit l'auditeur. En trois minutes, Camera Obscura ressuscite les 60s, retrouve le sens mélodique des girls groups et de la Tamla-Motown. Faites le test suivant ; écoutez "French Navy" chez vous, à tue-tête. Puis, sortez dans la rue. Vous vous demanderez pourquoi les jeunes filles ne portent pas de choucroute et de robe vichy. Il vous faudra quelques minutes pour vous remettre de ce choc temporel.
Comme à la parade, Camera Obscura aligne alors ses pépites pop. "The Sweetest Thing", enfonce le clou : les violons sont superbes, l'ambiance y est plus retro que jamais. "You Told A Lie" et "Away With Murder" sont autant de délices. On tombe alors sous la charme de la belle voie claire de Tracyanne Campbell...
... et puis patatra. Après ça ne passe plus. On finit par repérer les trucs et les faiblesses : l'usage un peu trop systématique de l'écho, histoire d'enjoliver le chant, la batterie manquant d'imagination. My Maudlin Career distille alors une pop lissée, aimable, très bien arrangée, mais un peu trop convenue et bon chic-bon genre. Rien n'est mauvais, mais les chansons, manquant de dynamique, finissent par ennuyer. Oh, un ennui poli, bien sûr. Tout n'est pas à jeter, "My Maudlin Career" et "Careless Love" sont parfaites pour un après midi pluvieux, avec un bon livre sous la main.
On ne peut s'empêcher de pester. Quel dommage ! Les gens de Camera Obscura ont beaucoup de talent, le début mirifique de l'album le prouve : il y a longtemps que l'on n'avait pas entendu de chansons pop aussi bien chantées, arrangées, composées. C'est très beau. Au risque d'être glacé.

Mr. Pop

http://www.myspace.com/cameraobscuraband

L'album est en écoute sur deezer :
http://www.deezer.com/fr#music/album/285596




mardi 9 juin 2009

Chronique : Greater California - All The Colors (2009)

Originaires de Long Beach en Californie, les Greater California offre un album (produit par Ikey Owens -Mars Volta, Crystal Antlers-) plein de guitares à 12 cordes, d'harmonies vocales à foison, de percussions, de trompettes, d'orgue hammond et de piano... Le tout au service d'une pop ensoleillée, vaguement psychédélique comme une parfaite invitation à un voyage sur la côte ouest entre Los Angeles et San Francisco.
L'album réussit à convoquer les fantômes de ses illustres prédécesseurs (Brian Wilson, Byrds, Buffalo Springfield) sans jamais tomber dans un vain pastiche. Sans doute parce que ces musiciens là ont su aussi capter l'essence de la pop anglaise Beatles, Zombies et Hollies en tête.

L'album provoque tout à la fois nostalgie et optimisme. Nostalgie d'une pop à l'ancienne, que comme d'autres nous vénérons à RawPowerMag' mais qui malheureusement ne trouve pas souvent droit de cité sur les ondes ou dans les colonnes de la presse écrite. Optimisme car ce disque communique un bel enthousiasme à l'auditeur et ce dès la première écoute. Good Vibrations donc.

Dès l'inaugural, "All The Colors", on se retrouve en territoire connu avec une agréable sensation, de celle que l'on peut éprouver en retrouvant un ami perdu de longue date. Le morceau commence par quelques mesures de piano, une batterie qui se met progressivement en place, avant de laisser la part belle à de splendides parties vocales, le tout s'achevant par quelques mesures de trompettes. Superbe. Les guitares en trompe l'oeil de "Them The Downs" ne doivent pas faire illusion : c'est bien de pop classieuse et envoûtante dont il est question sur les dix pistes de cet album hors du temps. La plupart des morceaux sont un ravissement, comprenant ça et là de petites trouvailles qui font la différence : l'orgue discret de "Five Senses", les gimmicks de "The Foolish Son" qui fait écho aux Beatles de "The Fool On The Hill"...
La référence aux Beatles est encore plus palpable sur "It's Great", longue pièce hypnotique de près de sept minutes, aux parties de sitar excellentes sur laquelle le groupe dévoile ses goûts pour la musique indienne. On avait rarement écouté mélange si réussi de pop et de musique indienne depuis Kula Shaker. D'ailleurs le groupe poursuit dans la même veine avec le très psychédélique "Charmer" avant de revenir vers des choses plus classiques sur "The Disappering".
Le groupe s'essouffle un peu sur la fin avec un "Almost Sunshine" qui ne convainc pas complètement, l'instrumental "Pacific Ave. Corridor" et le poussif "The Soft Lights".

Toutefois ces quelques défauts ne doivent pas masquer les qualités de ce All The Colors. Avec ce qu'il faut de mélodies langoureuses et de compositions se prêtant merveilleusement à rêvasser, on tient un album parfait pour l 'été.

Mr Rock

(http://www.myspace.com/greatercalifornia)

mardi 2 juin 2009

Chronique : Jeremy Jay - Slow Dance (2009)

Voilà bien longtemps que l'on n'avait pas entendu un album pop aussi enthousiasmant... Mais d'abord quelques mots sur le bonhomme. Jeremy Jay, blanc bec dégingandé, a grandi à Los Angeles, entre une mère suisse et un père américain. En 2007, il sort son premier single (Airwalker) ainsi que son premier album (Dreamland, une BO de film). Un deuxième LP, A Place Where We Could Go, suit, en 2008.
La même année, Jay enregistre Slow Dance, à Olympia, dans les studios de Calvin Johnson, un des papes de l'indie US.
Le bonhomme semble avoir tout compris : pop en trompe l'oeil, chamboule-tout de références, mélancolie délavée. Une demi-heure au compteur, dix sèches vignettes, la recette gagnante, on écoute deux fois plus les albums courts. Les guitares étriqués, à l'os, sont jouxtées par des claviers glacés, tandis qu'une basse ronde vient adoucir l'affaire. Les mélodies sont simples, efficaces, avec un parfum tenace de déjà entendu. Mais où ? Chez qui ? Blondie ? Jonathan Richman ? Cure ? Les références voltigent. Le synthé évoque la cold wave britannique, tandis que les guitares tendues ont l'élégance du punk américain, au tournant des années 70. La musique vire baloche sur "Will You Dance With Me ?", tutoie le glam pour "Where Could We Go Tonight ?", frise l'electro-pop tendance Kraftwerk le temps de "Slow Dance" ou de "Canter Canter"... C'est parfait, à chaque fois. On en reste bouche bée.
En dix courts morceaux, Jeremy Jay évoque avec simplicité l'adolescence, avec ses moments de désoeuvrement ("as the lights go down you sigh/where could I go tonight") et ses joies encore enfantines ("by the fireplace/blankets/hot chocolate/ice skating"). Malgré la banalité des thèmes évoqués ("qu'est ce qu'on fait ce soir ?", "veux-tu danser avec moi"), rien ne sonne mièvre ou faux. Plus curieusement, cette simplicité donne une certaine mélancolie aux chansons. On a l'impression de parcourir de vieux polaroïds, aux couleurs usées. L'adolescence fantasmée que nous chante Jeremy Jay, avec ses patins à glace, ses bals de promotion, son chocolat chaud, semble, parfois, étrangement glacée.
Jay chante le tout de manière intrigante : la voix, un peu maniérée, oscille entre la froideur et l'exaltation, entre le détachement et la ferveur. Ce ton, distant et élégant, est la véritable signature de ce disque, de ce grand disque. Slow Dance : album pop de l'année.

Mr. Pop

http://www.myspace.com/jeremyjay

jeudi 30 avril 2009

Chronique : Peter Doherty - Grace / Wastelands (2009)

Tout d'abord une petite mise au point s'impose : on a jamais été un grand fan de Pete Doherty. Non que l'on remette en cause le talent (immense) du bonhomme, mais on avait jamais trouvé de quoi s'enthousiasmer dans sa production discographique. Même avec son compère Carl Barât au sein des Libertines on a eu du mal à s'emballer. Si on avait passé un bon moment avec Up The Bracket, le soufflé est vite retombé avec leur boursouflé deuxième album. On avait la désagréable impression d'entendre des démos de chansons et qu'il appartenait à l'auditeur de finir le travail et d'imaginer les mélodies qui aurait pu (et dut) en découler... Cette sensation charmante à plus d'un titre nous avait lassé. De même la sortie du premier Babyshambles nous avait laissé de marbre malgré quelques bons titres ci et là. Et puis alors qu'on s'y attendait le moins est sorti ce Shotter's Nation que l'on a instantanément aimé, car Doherty y laissait enfin s'exprimer pleinement ses talents de compositeur.
C'est pourquoi il régnait une forte attente de notre part quand s'est fait l'écho des premières rumeurs d'un album solo. Déjà le single "The Last Of The English Roses", ballade désabusée sur un fond dub (!), nous avait mis l'eau à la bouche.
Et au final on est pas déçu, l'album, à la belle pochette (1), tient toutes ses promesses.
Doherty a fait le choix de sortir un album intimiste aux arrangements lumineux (produit par Stephen Street), aidé en cela par le jeu subtil de Graham Coxon, afin d'offrir un véritable écrin au service de compositions ebouriffantes de sincérité et de grâce mélées.
"Arcady", pépite folk, ouvre l'album de belle façon, on imagine le sieur Doherty grattant sa six-cordes le sourire aux lèvres de toute évidence fier de son coup, explosant nos a priori.
Après le single "The Last Of The English Roses", et introduit par quelques sonorités de fanfare, déboule "1939 returning", aux cordes délicates en arrière plan, qui lui permet de déclamer des paroles saisissantes (Dragged out of the frozen Rhine /For the Motherland / and the third reich / always good to be shoe in / when it's not to be your night /your night).
Le très orchestré "Little Death Around The Eyes" semble être la réponse de Doherty aux Last Shadow Puppets (et pourrait offrir une B.O. parfaite pour le prochain James Bond) s'enchaînant merveilleusement à un "Salomé" porté par une somptueuse ligne de basse.
Même quand il est accompagné d'une seule guitare comme sur "I Am The Rain", Doherty trouve le moyen de surprendre, emballant le disque a mi-morceau.
Seul morceau pas totalement convaincant, "Sweet by and by", voit Doherty se faire crooner de cabaret, plaisant mais sans plus. Il est plus convaincant sur "Palace Of Bones" aux accents country, plaçant des paroles toujours aussi amères (Whats that they're telling you / that's your future? / I'm telling you / they're gonna pick your pocket too).
Sur "Sheepskin Tearaway", Doherty convie Dot Allison (2) pour une très belle ballade avant de réussir le tour de force, d'élever encore le niveau, sur ce "Broken Love Story" remarquable, écrit avec Peter Wolfe (3) alternant passage intimiste avec un piano omniprésent et envolées lyriques. Magistral. Et comme si le sieur était décidé à faire taire ses détracteurs, il propose sur "New Love Grows On Trees" sans doute les plus belles paroles qu'il lui était donné d'écrire (4).
L'album s'achève sur le simple "Lady Don't Fall Backwards", refermant pudiquement le formidable album que Doherty nous livre aujourd'hui.


Il nous aura fallu presque 8 ans pour le reconnaître. On aurait presque pu passer la décennie sans faire notre mea culpa. Il n'est jamais trop tard pour bien faire.
Avec cet album, Doherty démontre qu'il fait partie des plus grands compositeurs de la musique pop. Loin des clichés, des ragots de la presse à scandale, Doherty nous donne ce qu'il a de meilleur à offrir : des compositions à la hauteur de son talent.


Mr.Rock

(1) la pochette est signée Alizé Meurisse, écrivain, peintre et photographe.
(2) chanteuse écossaise qui a aussi collaboré avec Death In Vegas (http://www.myspace.com/dotallison)
(3) Doherty et Wolfe avait déjà collaboré ensemble sur le single For Lovers.
(4) Jugez vous même : ici

mercredi 29 avril 2009

Chronique : Great Lake Swimmers - Lost Channels (2009)

Des lecteurs me demandent souvent, pourquoi alors que je m'affuble du sobriquet de Mr Rock, je chronique de temps en temps des disques de pop. A cela je répondrai qu'avant d'être un fan de rock, je suis avant tout un fan des sixties. Et quand on a succombé aux mélodies envoûtantes des Beatles, Beach Boys, Byrds et autre Zombies, on ne peut que garder une oreille attentive aux sorties des disques pop du moment, surtout quand il s'agit de disques pop à l'ancienne dirons-nous : savamment orchestrés, aux lignes claires et dépourvus de sonorités électroniques.
A ce titre la sortie du nouveau Great Lake Swimmers est un petit évenement. Ce groupe canadien, mené par l'extraordinaire compositeur Tony Dekker est en effet un des tenants d'un folk-pop ultra mélodique et délicat. Ce Lost Channels est leur 4e album et surtout le successeur de leur chef d'oeuvre Ongiara sorti en 2007.
Lost Channels c'est le nom d'un passage du fleuve Saint Laurent, au niveau de l'archipel des Thousand Islands, entre le Canada et les Etats Unis où un navire de guerre britannique fut porté disparu en 1760.
Ce titre assez évocateur est représentatif de l'ambiance qui se dégage de cet album. Celui-ci est d'ailleurs assez différent d'Ongiara. Fini les tonalités country, le groupe a choisi de revenir aux fondamentaux, guitare-basse-batterie, reléguant au second plan, banjo, cordes et harmonium qui faisaient la saveur d'Ongiara et que l'on ne retrouve que sur le seul "The Chorus In The Underground" faisant finalement le pont avec l'album précédent.
Cette formule simple comporte un risque : faire rentrer dans le rang, un groupe hors-norme. Que l'on se rassure il n'en est rien.
Les compositions toujours aussi mélancoliques voient leur puissance poétique renforcée par le choix de cette orchestration parfois minimaliste. L'alternance entre les morceaux chantés par Tony Dekker et ceux chantés en duo avec Judie Fader la clavieriste, constitue toujours un des points forts du groupe comme sur l'enchaînement à l'ouverture du disque entre "Palmistry" et "Everything Is Moving So Fast".
De folk il en est toujours question sur cet album : "Pulling On A Line", "She Comes To Me In Dreams" ou "Still" sur lesquels flottent l'ombre de Neil Young mais l'intérêt est ailleurs et ce sont curieusement les ballades qui retiennent l'attention.
C'est sur ces morceaux, où le groupe joue littéralement en apesanteur, que le groupe donne le meilleur de lui même, atteignant des sommets de sensibilité sans jamais tomber dans une certaine mièvrerie : "Stealing Tomorrow", "New Light", "River's Edge" ou le quasi mystique "Concrete Heart", d'une beauté à couper le souffle.
"Unison Falling Into Harmony" s'intitule le dernier morceau de l'album... on ne peut qu'acquiescer, stupéfait d'une telle qualité d'écriture.

Le disque plaira bien entendu aux fans des Great Lake Swimmers mais aussi à celles et ceux qui ne jurent que par Fleet Foxes et d'une manière plus large aux amoureux des mélodies délicates.

Mr.Rock

PS : apparemment la version disponible sur i-tunes est agrémenté de deux morceaux supplémentaires "It's Too Late" et "The Storms Are On The Ocean".

(http://www.myspace.com/greatlakeswimmers)




mercredi 1 avril 2009

Chronique : My Raining Stars - From St Saviour To Quickwell (2008)

My Raining Stars est un mystère. D'abord parce que derrière ce groupe se cache des frenchies, alors que rien ne permet de le penser au prime abord. Ensuite parce que ce disque doit son éclairage en France (via Magic et les Inrocks) à un buzz initié par des blogs indies anglo-saxons.
Il faut dire qu'à l'écoute c'est une demi-surprise : avec des influences comme entre autres Slowdive, Ride, Jesus & Mary Chain, The Smiths, La's, Chapterhouse, Pale Saints ou encore The Pastels, pour les plus évidentes et un chant en anglais sans le moindre accent, My Raining Stars pourrait être anglais. Ou américain tant le parallèle avec The Shins nous paraît assez éloquent, dans la recherche d'un certain ravissement mélodique (dont on sent que cela tourne à l'obsession), l'usage de guitares claires et de lignes de basse structurantes. La production classieuse et disons le impeccable (due à E-Grand) pour ce style d'album rehausse encore plus, si besoin était, la qualité des 11 morceaux du disque.
Tout est réuni pour offrir le parfait écrin sonore à des compositions délicates et graciles.
Pour autant, My Raining Stars évitent avec talent, l'écueil du pastiche, transcendant des influences qui auraient pu apparaître pesantes pour beaucoup. On sent beaucoup d'humilité dans le traitement musical des chansons comme si les musiciens se considéraient (à tort) comme "des nains juchés sur des épaules de géants".
Il en résulte un album, vous l'aurez compris, parfait à écouter au printemps avec insouciance. Un disque capable de faire oublier les temps de crise et la morosité ambiante. Et c'est déjà beaucoup.
De "Gone For Ever" à "No Choice But To Accept", il faudrait être vraiment difficile (ou allergique au genre) pour ne pas succomber ! Chaque morceau comportant à chaque fois le petit plus qui fait la différence et amène de la variation dans un disque d'une grande cohérence : guitares sèches sur "Head Over Heels" et "Twisting Over My Soul", gimmick sur "Gone For Ever", effets d'échos sur "All This Time" claviers, tonalité plus enlevées sur "Shadows" et "Shared Values"...
Des morceaux comme "Riding For A Fall" ou "Most Of Her Days" devraient même dans un monde idéal envahir les ondes.
Pourtant notre morceau préféré est "Better Days" avec son intro géniale, son chant évoquant les Beatles, les guitares sourdes en arrière plan qui s'affirment progressivement, et surtout cette batterie qui ne se met en place que durant le dernier tiers du morceau apportant un souffle quasi lyrique. Superbe !

Au final ce disque ne procure qu'un seul et unique regret : celui de ne pas l'avoir découvert plus tôt !
"Nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants. Nous voyons ainsi davantage et plus loin qu'eux, non parce que notre vue est plus aiguë ou notre taille plus haute, mais parce qu'ils nous portent en l'air et nous élèvent de toute leur hauteur gigantesque."

My Raining Stars a tout compris !

Mr Rock

(http://www.myspace.com/myrainingstars)

mardi 24 mars 2009

Chronique : The Bishops - For Now (2009)

Le premier album des jumeaux de The Bishops en 2007 avait apporté un vent de fraîcheur sur le rock anglais. Gorgés de pépites, cet album indispensable ravivait la période mod sixties. On attendait donc avec impatience la sortie de ce nouvel album même si la prestation du groupe lors d'une précédente soirée Rock Is Dead nous avait un peu décontenancé le groupe s'étant semble-t-il assagi, si ce n'est assoupi...
L'introductif "City Lights" semble échappé des séances du premier album et montre que le groupe est toujours capable d'écrire des morceaux simples, directs et eficaces.
"Wandering By", axe Hollies/Zombies, et "If You Leave Today", très La's, présentent une nouvelle facette du groupe que l'on ne leur connaissait pas. Il apportent un soin tout particulier aux orchestrations, comme ses trompettes subtiles sur "Wandering By".
Ainsi sur "Nothing I Can Do Or Say" le groupe s'essaye avec bonheur à l'exercice toujours difficile de la ballade. Un excellent morceau.
"Hold On", "Pass Away" et "For Now" font le pont avec le premier opus reprenant la formule tout en l'agrémentant de sonorités nouvelles (les claviers en arrière plan sur "Hold On" par exemple).
Le reste de l'album dénote toutefois un essoufflement certain même si les morceaux s'écoutent sans déplaisir. On ne peut s'empêcher d'y trouver une impression de déjà entendu, qui parfois vire à l'auto-pastiche comme sur "Laughter In The Dark" qui recycle un de leur riff...
Certains morceaux comme "Slow River" ou "Rain Dance" nous paraisse même plus que poussif.
Ce For Now confirme toute la difficulté de réussir un second album, qui plus est après les espoirs légitimement placés en eux suite à la parution de leur premier album éponyme. Cet album apparait définitivement trop long, ce qui est un comble vu la durée de chaque morceau...
On ne brûlera pas aujourd'hui ce que l'on a aimé hier. Les Bishops sont à l'évidence toujours aussi talentueux et capable d'écrire de magnifiques morceaux pop, comme en atteste certains brûlots évoqués plus haut. Toutefois, les Bishops devront à l'avenir essayer de maintenir une qualité égale sur la durée d'un album au risque d'y perdre leur public.
Les Bishops sont désormais attendus au tournant.

Mr.Rock

(http://www.myspace.com/thebishopsuk)

lundi 23 février 2009

Chronique : Nickel Eye - The Time Of The Assassins (2009)

Alors que leur groupe, The Strokes, a écrit en tout et pour tout à peine deux heures de musique en bientôt huit ans, leurs membres semblent prendre un malin plaisir à se la jouer solo.
Ainsi après Albert Hammond Jr, Fabrizio Moretti (avec Little Joy), voici que le bassiste Nikolai Fraiture se met à son tour à sortir son petit album. Attiré par les échos assez favorables de la presse, on s'est mis à l'écoute de ce The Time Of The Assassins.
Contrairement à ce que laisse suggérer le nom du groupe et de l'album, l'ensemble est comment dire... reposant. Les fans des Strokes ne seront pas dépaysés, avec Nickel Eye la nonchalance est de mise. Passé le pénible et introductif "Everytime", on se surprend à découvrir un album à la construction surprenante et aux choix artistiques qui dénote chez Fraiture une volonté de se démarquer de son groupe d'origine. Ainsi les premiers titres présentent un folk/pop quasi acoustique, presque bucolique : "You And Everyone Else", "Back From Exile", "Fountain Avenue" et "This Is The End".
Bien que remarquablement exécutés, ces morceaux ne brillent ni par leur originalité ni par leur spontanéité, à l'exception de "Back From Exile" sans conteste le meilleur morceau de cette première partie d'album. On réfrène même quelques bâillements sur ce "Fountain Avenue" soporifique.
Il faut dire que le chant de Fraiture bien que pas désagréable, ne varie guère, identique sur quasiment tous les morceaux : le bonhomme n'arrive pas apporter suffisamment de variations pour offrir une véritable ampleur aux morceaux qu'il interprète.
"Dying Star" ouvre une seconde moitié d'album foutraque où le groupe cherche à surprendre, à brouiller les pistes. Ce morceau, new-wave, est assez bon avec l'écho dans la voix, la basse sautillante et les guitares tout en puissance retenue... Mais malheureusement, le groupe retombe très vite dans la médiocrité avec le ska "Brandy Of The Damned" (on dirait du mauvais Clash...), le dispensable "Providence, RI" qui prouve bien que n'est pas Bon Iver qui veut et un "Where The Cold Wind Blows" au chant léthargique qui devient vite insupportable.
Pourtant le groupe réussit en toute fin d'album à sortir deux compos magistrales. Tout d'abord avec "Another Sunny Afternoon" (sans doute un clin d'oeil appuyé aux Kinks...) relevé d'accords d'harmonicas bienvenus, puis avec une très belle reprise de "Hey, That's No Way To Say Goodbye" de Leonard Cohen".
Comme quoi il faut toujours, quitte à se forcer, écouter un album jusqu'au bout !

Au final, un album dispensable qui a sans doute fait du bien à Nikolai Fraiture mais qui finira comme les Albert Hammond Jr dans les bacs à soldes...
D'ailleurs cela nous fait craindre le pire pour le prochain Strokes. N'a-t-on coutume de dire qu'un groupe est la somme de ses éléments ? Or on ose espérer que le prochain Strokes sera mille fois supérieurs à la somme de tous ces albums solos...

Mr.Rock

(http://www.myspace.com/officialnickeleye)

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Maintenant j'imagine qu'une question, essentielle voire existentielle, vous taraude : Who The Fuck Are They ? Laissez moi vous conter une histoire...
Il était une fois trois amis quelque peu "désoeuvrés", fans de musique, déçus de la presse musicale et qui un jour se sont dit : pourquoi pas nous? Puisque l'on ne trouve pas ce que l'on cherche dans la presse pourquoi ne pas animer nous même notre blog musical? Ainsi avec nos défauts mais aussi notre enthousiasme, ce blog a vu le jour. Votre serviteur qui chaque mois dépense plus en disques qu'en nourriture et mes acolytes qui à l'occasion viennent contrebalancer mes penchants pour le rock saignant... Mr Pop, nutritionniste qui défend l'idée que l'apport journalier d'une pop racée et sucrée peut lutter efficacement contre le diabète et réduire l'apparition des caries. Et Mr Indie, psychiatre, convaincu des vertus du bruit blanc pour lutter contre la schizophrénie, méthode testée sur lui même avec succès... Désireux de s'ouvrir sur le monde et pour faire face aux productions de plus en plus épisodiques de Mr Pop et Mr Indie, l'équipe a été rejointe par d'autres intermittents du spectacle : - le délicieux Mr Cocktail qui passe des heures sur internet, entre deux siestes, à traquer de quoi alimenter ses billets d'humour, - Mr Bof autre cerveau malade, amoureux du cinéma bis et qui nous fait partager sa passion pour les musiques de films, - John The Revelator, historique lecteur du blog, qui est passé temporairement de l'autre côté et qui doit depuis lutter contre sa timidité maladive pour offrir de nouveaux articles... Frank