mardi 2 juin 2009

Chronique : Jeremy Jay - Slow Dance (2009)

Voilà bien longtemps que l'on n'avait pas entendu un album pop aussi enthousiasmant... Mais d'abord quelques mots sur le bonhomme. Jeremy Jay, blanc bec dégingandé, a grandi à Los Angeles, entre une mère suisse et un père américain. En 2007, il sort son premier single (Airwalker) ainsi que son premier album (Dreamland, une BO de film). Un deuxième LP, A Place Where We Could Go, suit, en 2008.
La même année, Jay enregistre Slow Dance, à Olympia, dans les studios de Calvin Johnson, un des papes de l'indie US.
Le bonhomme semble avoir tout compris : pop en trompe l'oeil, chamboule-tout de références, mélancolie délavée. Une demi-heure au compteur, dix sèches vignettes, la recette gagnante, on écoute deux fois plus les albums courts. Les guitares étriqués, à l'os, sont jouxtées par des claviers glacés, tandis qu'une basse ronde vient adoucir l'affaire. Les mélodies sont simples, efficaces, avec un parfum tenace de déjà entendu. Mais où ? Chez qui ? Blondie ? Jonathan Richman ? Cure ? Les références voltigent. Le synthé évoque la cold wave britannique, tandis que les guitares tendues ont l'élégance du punk américain, au tournant des années 70. La musique vire baloche sur "Will You Dance With Me ?", tutoie le glam pour "Where Could We Go Tonight ?", frise l'electro-pop tendance Kraftwerk le temps de "Slow Dance" ou de "Canter Canter"... C'est parfait, à chaque fois. On en reste bouche bée.
En dix courts morceaux, Jeremy Jay évoque avec simplicité l'adolescence, avec ses moments de désoeuvrement ("as the lights go down you sigh/where could I go tonight") et ses joies encore enfantines ("by the fireplace/blankets/hot chocolate/ice skating"). Malgré la banalité des thèmes évoqués ("qu'est ce qu'on fait ce soir ?", "veux-tu danser avec moi"), rien ne sonne mièvre ou faux. Plus curieusement, cette simplicité donne une certaine mélancolie aux chansons. On a l'impression de parcourir de vieux polaroïds, aux couleurs usées. L'adolescence fantasmée que nous chante Jeremy Jay, avec ses patins à glace, ses bals de promotion, son chocolat chaud, semble, parfois, étrangement glacée.
Jay chante le tout de manière intrigante : la voix, un peu maniérée, oscille entre la froideur et l'exaltation, entre le détachement et la ferveur. Ce ton, distant et élégant, est la véritable signature de ce disque, de ce grand disque. Slow Dance : album pop de l'année.

Mr. Pop

http://www.myspace.com/jeremyjay

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