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samedi 19 décembre 2009

The Strokes : Is This It (2001)

Les Strokes sont à l'origine d'une révolution culturelle : c'est grâce à eux que depuis dix ans les vitrines de magasins aussi branchés que C&A et Celio sont ornées de guitares en carton et de pseudo kits de batterie ! C'est la mode du rock, ses fétiches et ses gri-gris doivent être affichés partout. On peut s'en lasser... Mais avant d'être devenu un cliché, ce "retour du rock" a permis de révéler une brassée d'excellents groupes : Libertines, Raveonnettes, Kills... et Strokes, donc.
Tout a été dit et redit sur les Strokes. La bande se forme en 1997. Julian Casablancas aux vocaux, Nick Valensi à la guitare, Nikola Fraiture à la basse, Fabrizio Moretti à la batterie. En 1998, Albert Hammond Jr, ami de Casablancas, intègre le groupe. Les Strokes ont de belles gueules, sont issus de milieux plutôt aisés : Casablancas et Hammond Jr. se sont connus dans un pensionnat suisse. On n'a pas affaire à des punks à chiens...
De démos en concerts, aidés par Ryan Gentle, dénicheur de talents, Gordon Raphael, producteur, et JP Bowersock, gourou (sic), les Strokes font leur trou. Au printemps 2001, le groupe signe un contrat avec la maison de disque RCA. Le premier album est enregistré en six semaines, à New York, sous la houlette de Gordon Raphael. Le groupe ne s'encombre pas de sophistications et privilégie les prises en quasi live. Is This It débarque le 27 août 2001 au Royaume-Uni et sort le 9 octobre aux Etats-Unis d'Amérique. En France, Rock & Folk leur consacre sa couverture. C'est le début de la mania : flopées de groupes en "The", jeans slim et Converse, baby-rockeurs, BB Brunes et Naast, et, donc, guitares en carton dans toutes les vitrines de tous les magasins... Accessoirement, disque de platine, célébrité, buzz et hype pour la bande à Casablancas. Tout cela est il bien mérité ?
Oh que oui ! Huit ans après sa sortie, Is This It n'a rien perdu de ses saveurs, il s'est même bonifié. Sec comme un coup de trique, l'album ne révèle aucun temps mort, se déguste d'un trait et exige, une fois l'écoute terminée, que l'on presse de nouveau la touche "Play". Les chansons des Strokes sont addictives au plus haut degré. Le disque commence pourtant mollement. "Is This It", morceau dévitalisé, montre un Casablancas au ton morne, traînant son ennui : "I'm just way too tired". On se dit que cette jeunesse n'a pas de santé, et que l'on va se passer des Strokes, lorsque résonne "The Modern Age". La basse ne fait pas de quartier, les guitares sont parfaites de précision, les solos sont secs comme des os, la batterie fait, sans chichi, son office de métronome... et Casablancas trouve son truc. Une façon bien à lui de chanter : un mélange de désillusion et de fébrilité, mixte inédit de trépignement, de rage et de désabusement. Ce ton singulier est souligné par une technique astucieuse : la voix de Casablancas est traitée par les systèmes de distorsion du son employés pour les guitares électriques. Cela donne à la voix du chanteur des Strokes des effets de saturations et des inflexions métalliques, qui viennent renforcer un style déjà singulier.
Dès lors, dès "The Modern Age", l'album est sur des rails, lancé à toute allure. Les morceaux défilent comme à la parade. Ils suivent tous, peu ou prou, le schéma de "The Modern Age". Seul, sur la fin, "Trying Your Luck" tente de calmer le jeu. Mais, pour le reste, de "Barely Legal" en "Last Nite", de "New York City Cops" en "Alone Together", l'ambiance est survoltée. Les Strokes ont su prendre le meilleur du Velvet, d'Iggy, de Television, de Blondie, et élaborent, avec ces ingrédients, un concentré d'énergie, un classique instantané, une bombinette pop, un must.
Court, dense, Is This It résonne comme un manifeste.L'idée maitresse des Strokes : jouer, enfin, à nouveau, un rock sec, tendu, fin, sexy. Oubliés les masques de robots et les chemises à carreaux. L'Oasis est éventé, on trouve Albator ringard. Is This It jette une lumière crue sur la production de musique pop des années 90, en offusque une grande partie et nous révèle à quel point nous avions souffert.

Mr. Pop

(http://www.thestrokes.com)

Tracklisting :

1. Is This It - 2:35
2. The Modern Age - 3:32
3. Soma - 2:37
4. Barely Legal - 3:58
5. Someday - 3:07
6. Alone, Together - 3:12
7. Last Nite - 3:17
8. Hard to Explain - 3:47
9. New York City Cops (International) - 2:57 / When It Started (USA) - 3:36
10. Trying Your Luck - 3:27
11. Take It or Leave It - 3:16

Le lien pour écouter l'album sur deezer :
http://www.deezer.com/fr/#music/the-strokes/is-this-it-101618

Quelques vidéos :








mercredi 16 décembre 2009

Chronique : Blitzen Trapper - Furr (2008)

Ne pas se fier à la pochette de l'album et à son lettrage ! Avec les Blitzen Trapper on a pas affaire à un groupe de hard rockers... Venu de Portland (Oregon) le groupe est un sextet composé d'Eric Earley (guitare/chant), Erik Menteer (guitare), Brian Adrian Koch (batterie), Michael VanPelt (basse), Drew Laughery (clavier), et Marty Marquis (guitare/claviers). Ce Furr est leur 4e album, le premier chez Sub Pop, les trois premiers étant parus sur Lidkercow.
Ce nouvel effort est un album aux multiples facettes, le groupe prenant un soin tout particulier à varier les ambiances même si la tonalité générale renvoie largement aux seventies.
Ainsi le glam rock de l'introductif "Sleepytime In The Western World" (splendide break à mi morceau) ramène aux albums de Mott The Hoople tant dans les harmonies vocales que dans le son des guitares (on pense aussi curieusement au Love Is All de Roger Glover et Butterfly Ball mais là on a du mal à se l'expliquer...). Ce morceau, tube en puissance, aurait été dans un monde idéal diffusée en boucle sur les ondes. Ce goût pour le glam transparaît sur de nombreuses pistes de l'album ("War On Machines" entre autres) mais n'est pas la seule influence des Blitzen Trapper.
Des morceaux comme "Furr", "Stolen Shoes And A Rifle" ou le très dylanien "Lady On The Water" voit le groupe partager la même passion pour le folk que feu les anglais de The Eighteenth Day Of May, cultivant ce goût immodéré pour les mélodies ciselés.
Pour autant, les Blitzen Trapper n'ont pas la prétention de se poser comme un groupe de puristes et parsèment à l'occasion leurs compositions de sonorités électroniques jamais envahissantes, apportant un cachet tout particulier et contribuant à ce que ces morceaux s'intègrent durablement dans l'esprit de l'auditeur ("Gold For Bread" ; "God & Suicide" ; "Black River Killer"). Seul un "Saturday Nite" assez médiocre vient pondérer nos propos et ce malgré de belles parties de guitares rythmiques.
Même quand le groupe s'engage dans la voie toujours risquée de la ballade larmoyante ("Not Your Lover" ; "Echo /Always On / Easy On"), il prend soin de ne jamais franchir la barrière du bon goût même s'il ne s'agit pas ici des meilleurs pistes du disque.
Sur des tempos plus enlevés, les Blitzen Trapper font souffler le chaud et le froid entre un "Fire & Fast Bullets" où la comparaison avec Supergrass ne se fait pas à leur avantage et un "Love U" enthousiasmant où Earley s'époumonne sur une rythmique bien lourde...
Au final malgré quelques petits défauts, ce Furr, à la production soignée, est une excellente découverte, le genre de disque attachant qu'on réécoutera toujours dans quelques années avec le même plaisir. Un peu à l'image des disques de The Shins, autre groupe de Portland, également signé chez Sub Pop (dont on recommande au passage les excellents Chutes Too Narrow et Wincing The Night Away).

Frank
http://www.myspace.com/blitzentrapper

tracklisting :

01-"Sleepytime in the Western World"
02-"Gold for Bread"
03-"Furr"
04-"God & Suicide"
05-"Fire & Fast Bullets"
06-"Saturday Nite"
07-"Black River Killer"
08-"Not Your Lover"
09-"Love U"
10-"War on Machines"
11-"Stolen Shoes & a Rifle"
12-"Echo/Always On/EZ Con"
13-"Lady on the Water"





mardi 8 décembre 2009

Chronique : King Khan & BBQ Show (2003)

Sous le nom de King Khan & BBQ Show on retrouve deux figures de la scène garage rock canadienne. Tout d'abord King Khan (qui avec ses acolytes de The Shrines a pondu un splendide album What Is en 2007) de son vrai nom Arish Khan, indo-canadien frapadingue, chanteur ou plutôt entertainer de talent, capable de prestations aussi impressionnantes que déroutantes. BBQ Show, de son vrai nom Mark Sultan, joue, lui, dans différentes formations sous divers alias et notamment au sein des Spaceshits.
La rencontre de ces deux musiciens amoureux de rock'n'roll, de garage et de doo-wop promettait de faire des étincelles... et on est pas déçu.
Cet album sorti dans l'anonymat en 2003 (puis réédité en 2005 et 2007), voit le duo reprendre le flambeau d'un rock and roll old school, dans l'esprit du splendide coffret Rhino Rockin' Bones.

A la première écoute on a l'impression d'osciller entre le grand n'importe quoi et le génie. Le groupe passe du doo-wop/early R&R ("Love You So", "Waddlin' Around") au garage rock ("Fist Fight" ; "Got It Made"), assumant leurs influences, et rendent la filiation entre les deux styles plus évidente qu'elle n'apparaît de prime abord.
On pense beaucoup aux Black Lips (notamment sur "Get Down") et aux Cramps ("Hold Me Tight") influence majeure semble-t-il pour le duo.
Même si King Khan & The BBQ Show n'évite pas le piège de la redite (le même riff de guitare servant de trame à plusieurs morceaux sur le disque comme pour "Waddlin' Around" et "Shake Real Low"), l'enthousiasme, la foi finalement qui semble habiter les protagonistes suffit pour emporter largement l'adhésion ("Am I The One").
Ainsi si tout ne touche pas à la perfection, notamment l'enchaînement de la ballade "Take Me Back" avec "Pig Pig", on pardonne finalement assez vite au groupe surtout quand il propose des joyaux de la trempe de "Bimbo's Theme", le freakbeat "Outta My Mind" ou l'excellent "Mind, Body & Soul", trois superbes morceaux dans une veine plus sixties.

Ce disque a été réédité, remasterisé (et agrémenté de bonus) en 2007 chez In The Red. On le conseillera tout particulièrement aux fans des Black Lips ( ils y découvriront leurs cousins canadiens) et plus généralement aux fans de bon vieux rock and roll.

Frank

Tracklisting :

1. Waddlin Around
2. Fish fight
3. Get Down
4. Hold Me Tight
5. Love You So
6. Got It Made
7. Am I the One (bonus)
8. Take Me Back (bonus)
9. Pig Pig
10. Shake Real Low
11. Bimbo's Theme
12. Lil' Girl in the Woods
13. Outta My Mind
14. Mind Body & Soul


Il existe une version 2LP (que nous n'avons pu juger) composée des titres précités et des morceaux suivants en sus :
1 Chuck A Muck
2 Pretty Plaid Skirt
3 Pig Pig
4 Hold Me Tight
5 Too Much In Love
6 Treat Me Like A Dog
7 Guess I'm Falling In Love






zz

mardi 1 décembre 2009

Chronique : Brimstone Howl - Big Deal. What's He Done Lately (2009)

Depuis Guts Of Steel en 2006, la sortie d'un nouvel album des Brimstone Howl constitue un petit évènement. En effet Guts Of Steel et à un degré moindre We Came In Peace, seront à n'en pas douter parmi les disques à retenir de cette décennie. Tenant d'un garage punk, mâtiné de blues, rugueux et diablement jouissif, le gang d'Omaha (Nebraska) nous reviennent avec un nouvel opus, le troisième chez Alive Records (Bang! Bang! Bang! Bang! Bang! étant sorti chez Nebraska Records), sous le bras. Toujours méné par John Ziegler (guitare, chant), Nick Waggoner (guitare) et Calvin Retzlaff (batterie), le groupe semble avoir complètement intégré Matt Shaughnessy à la basse.
Le disque comprend douze pistes. Certaines comme "M-60" sont connus des fans du groupe pour être sorti sous la forme de singles par le passé. Enregistrés (ou réenregistrés) en moins de quatre jours, parler d'urgence pour qualifier l'album relève de la gageure...
Premier constat, le groupe est revenu à un mixage plus direct, plus percutant à l'image de la production de Guts Of Steel. Fini donc les effets d'échos dans la voix de John Ziegler comme sur We Came In Peace. Néanmoins force est de reconnaître que la qualité même du mixage laisse à désirer surtout en comparaison du travail de Dan Auerbach et Jim Diamond sur les précédents opus.
Ensuite, curieusement on entend que très peu les parties de basse noyées sous les guitares.
Malgré ces petits défauts "techniques", le groupe l'emporte une nouvelle fois par la qualité de ses compositions, la gouaille de John Ziegler et l'énergie déployée.
Car de high energy il en est question sur des brûlots comme "Last Time", M-60" ou "Iota Man" (sur lequel on note un harmonica bienvenu).
Le groupe sait varier les plaisirs avec des pistes comme "Everybody Else Is Having Fun" pépite garage au riff entêtant idéal pour saboter une soirée cosy ou les très fifties "Easter At The Lewises'" et "I'll Find You" (sur lequel plane l'ombre des Cramps).
Les Brimstone Howl se montre également à leur avantage sur des pistes certes garage rock mais où ils démontrent un véritable savoir-faire mélodique ("Final Dispatch" ; "End Of The Summer" ; "A Friend Of Mine"). On hésite même à employer le terme de power-pop si ce dernier n'avait pas si peu de sens attribué aux Brimstone Howl.
Mieux, le groupe arrive à encore élevé le niveau sur une poignée de morceaux tout bonnement incontournables : "Suicide Blues" le genre de morceau que l'on désespère d'entendre à nouveau chez les Von Bondies ou les introductifs "Last Time" et "M-60".
En fait c'est simple, les morceaux les moins marquants de l'album ("Elation" ; "La Loba") sont néanmoins d'une qualité supérieure à ce qu'il nous ait donné d'entendre habituellement. C'est dire...
Au final, malgré ses défauts de production et le fait qu'il n'égale pas Guts Of Steel, cette nouvelle galette des Brimstone Howl, rafle une nouvelle fois la mise. En matière de rock'n roll high energy, il faut bien reconnaître que le groupe n'a que peu d'équivalents des deux côtés de l'Atlantique.
Frank


Tracklisting :

Face A :

1- Last Time
2- M-60
3- Easter At The Lewises'
4- Everybody Else Is Having Fun
5- Suicide Blues
6- I'll Find You

Face B :

7- Final Dispatch
8- Elation
9- Iota Man
10- End Of The Summer
11- A Friend Of Mine
12- La Loba



dimanche 29 novembre 2009

Chronique : Girls - Album (2009)

Commençons cette critique par une évidence : il est des albums qui sont plus difficiles à chroniquer que d'autres. C'est le cas de ce disque opportunément nommé Album, et ce pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, la politique commerciale ayant précédé l'édition dudit Album s'est avérée pour le moins curieuse : plusieurs morceaux qui en sont extraits étaient disponibles dés l'année dernière en single et sur la Toile (par des chemins numériques plus ou moins légaux). Ce choix était très susceptible d'annihiler tout effet de surprise, les morceaux qu'il restait à découvrir pouvant s'avérer décevants au regard de ce qui avait déjà pu être écouté.
Ensuite, le buzz rattaché à tout groupe indie artificiellement affilié au "genre shoegaze", supposé être la martingale pour vendre à peu près tout et n'importe quoi à l'amateur de rock indé moyen, aurait également pu faire craindre le pire (combien d'enfants illégitimes de Ride ou de Jesus & Mary Chain, par exemple ?).
Ces deux éléments mis bout-à-bout ont provoqué chez votre serviteur un sentiment d'excitation un brin hystérique (ce dernier est allé chercher son exemplaire chez un Agitateur d'Idées bien connu ... le jour de sa sortie aux Etats-Unis !) mêlé à une réelle appréhension.
Comme son patronyme l'indique, le groupe Girls a pour thème de prédilection le seul qui ait quelque intérêt : les filles.
Le leader du groupe, Christopher Owens, fait ainsi de ses compositions de superbes petits récits épiques, nourris de frustrations, d'amours ratées, et de déceptions en tout genre, distillés dans des morceaux dont les titres évoquent parfois des prénoms féminins qu'on devine douloureusement évocateurs.
Laura et Lauren Marie sont ainsi des supplications mises en musique sur un ton badin pour la première, et nettement plus obscur pour la seconde. Si Laura évoque une confrontation plutôt faite de cris, reproches et engueulades bien senties, sur une rythmique rock cisaillée par un refrain plus mélodieux (pour faire revenir la belle ?), Lauren Marie est quant à lui un morceau plus tendu, évoquant de façon particulièrement douloureuse le thème de l'amour impossible.
Ghost Mouth est un morceau sur la même tonalité musicale, mélancolique et nonchalante, aux sonorités doucereuses et déchirantes.
Mais ce qui constitue la marque de fabrique de Girls, c'est cette capacité à générer des morceaux inscrits dans la pure tradition hippie-folk californienne, subtilement agrémentée de motifs sonores noisy-pop : il en résulte de magnifiques moments de grâce, desquels exsudent des vapeurs lysergiques qui font que les mélodies entrent dans la tête de l'auditeur pour ne plus en ressortir ...
Les sommets de l'Album entrent dans cette catégorie, tel le splendide Summertime, morceau entamé au rythme d'une balade innocemment mélancolique, qui s'achève sur un impénétrable mur de guitare. Basé sur une structure similaire, mais sur un rythme plus lent et plus lourd, l'étourdissant Hellhole Ratrace envoie l'amateur de bon son en apesanteur en un peu plus de six minutes qui s'avèrent, au final, bien trop courte !
Cependant, Girls n'oublie pas les amateurs de noisy "pure et dure", et en profite pour leur jouer un tour pendable : le hautement addictif Morning Light solde en effet les comptes de l'héritage porté par My Bloody Valentine à grands coups de riffs de guitare saturés, mêlés à des chants éthérés dignes des fameux irlandais ... mais sur un rythme d'une vélocité infernale !
Même le tube psychobilly Big Bad Mean Motherfucker est empreint d'un psychédélisme particulièrement corsé, donnant une saveur particulière à un style musical pourtant très stéréotypé.
Le morceau Curls constitue, pour sa part, une petite plage instrumentale isolée, gorgée du soleil de la Côte Ouest, dont rêverait le groupe Air s'il était encore capable d'en trouver le chemin.
Mais ce qui rend cet Album particulièrement délectable, c'est l'ironie mordante, parfaitement mise en musique, qui transparait tout au long de l'oeuvre.
En effet, la pose misérabiliste de Christopher Owens le-roi-des-peines-de-coeur ne doit évidemment pas être prise au sérieux : en témoigne le morceau Lust for Life (sounds familliar ?) qui décrit de façon particulièrement cruelle l'existence d'une ancienne petite amie du chanteur au son d'une mélodie inhabituellement enjouée.
De même, le ton exagérément mélodramatique de Owens sonne comme une parodie irrévérencieuse du chant de Kurt Cobain, traduisant de sa part une façon amusante d'échapper enfin à l'ombre gigantesque et toujours présente de la figure christique de Seattle.
Owens va d'ailleurs jusqu'à paraphraser Sinnead O'Connor, qui peut être considérée comme un monument en matière de "pathos-pop", de façon totalement nonchalante.
Ce cocktail savamment dosé d'ironie, de psychédélisme, de dramaturgie excessive et de noisy acérée fait de cet album l'un des plus importants de cette année 2009, et très probablement, de l'avis de votre serviteur, l'album de l'année !

Mr Indie

http://www.myspace.com/girls

Tracklisting :
1 - Lust for Life
2 - Laura
3 - Ghost Mouth
4 - God Damned
5 - Big Bad Mean Motherfucker
6 - Hellhole Ratrace
7 - Headache
8 - Summertime
9 - Lauren Marie
10 - Morning Light
11 - Curls
12 - Darling

Le clip du fulgurant Morning Light :



Le clip de Lust for Life :

mercredi 25 novembre 2009

Chronique : The Soledad Brothers - The Hardest Walk (2006)

On vous a parlé il y a quelque temps du grand retour de Johnny Walker avec son nouveau groupe Cut In The Hill Gang (ici). Il n'est que justice aujourd'hui d'évoquer le chef d'oeuvre de son précédent groupe ce Hardest Walk sorti en 2006.
Formé en 1998, les Soledad Brothers sont composés de Johnny Walker, Benjamin Swank, et Oliver Henry et sont d'authentiques forçats du rock'n roll, vénérant les Stones et le blues. Ce Hardest Walk, quatrième album du groupe, peut d'ailleurs être considéré comme le pendant de Sticky Fingers et Exile On Main Street avec le même mélange de rock péchû, de blues et même de country.
L'album s'ouvre sur deux morceaux d'anthologie, deux morceaux au savant dosage de puissance et de finesse : un "Truth Or Consequences" véritable pépite garage réhaussée de cuivres et "Downtown Paranoia Blues" blues rock impeccable sur lequel la voix pleine de fausse nonchalence de Johnny Walker et le jeu des trois musiciens fait des merveilles (notamment le superbe jeu de basse...).

Le blues lancinant de "Crying Out Loud (Tears Of Joy)" ou la slide de "Crooked Crown" montre un groupe désireux d'élargir son spectre musical ce que confirme ce "Sweet And Easy" à la basse élastique rappelant T-Rex ou le planant "Dark Horse".
L'intermède "White Jazz" (le morceau dure moins d'une minute) proche de ce que faisait les Stooges sur Fun House, tranche avec la pop presque sucrée de "Good Feeling".
Arrivé à ce moment de l'album on est assez enthousiasmé par la multitude d'atmosphères différentes déployées par les Soledad Brothers sans que, pour autant, l'unité du disque soit remise en cause. Au contraire, et assez curieusement, l'enchaînement des pistes se fait assez naturellement.
La fin de l'album réserve d'ailleurs bien des surprises montrant un groupe qui avait encore beaucoup de choses à dire malgré une fin précoce (ce Hardest Walk sera leur chant du cygne...).
Car les Soledad Brothers surprennent avec ce "Let Me Down" à l'ambiance tribale presque vaudoo, porté par un beat répétitif de batterie et un violoncelle discordant. Et que dire de "Mean Ol' Toledo", country déroutant cisaillés de larsens de guitares, de sonorités incongrues (et même des flûtes en arrière plan).
A contrario, "Loup Garou" ramène l'auditeur sur des terrains plus balisés, le groupe y confirmant qu'il fait rimer comme personne garage rock classieux et sens aiguisé de la mélodie.
Malgré la côte élevée dont jouissait les Soledad Brothers et Johnny Walker en particulier au sein de la scène de Detroit, le groupe n'aura pas eu la place qu'il méritait lors du fameux revival des années 2000's...
Pour autant, toute bonne discothèque rock se doit de posséder un exemplaire de ce Hardest Walk, album magistral s'il en est.

Frank

http://www.myspace.com/soledadbrothers

Tracklisting :

1-Truth Or Consequences
2-Downtown Paranoia Blues
3-Crying Out Loud (Tears Of Joy)
4-Crooked Crown
5-Sweet And Easy
6-Dark Horses
7-White Jazz
8-Good Feeling
9-Let Me Down
10-Mean Old Toledo
11-Loup Garou
12-True To Zouzou





quelques vidéos :

dimanche 22 novembre 2009

Chronique : Cornershop - Judy Sucks Lemon For Breakfast (2009)

Cornershop est un groupe britannique formé en 1992 par les frangins Tjinder Singh (chanteur, compositeur, joueur de dholaki) et Avtar Singh (basse, chant) et mélangeant musique indienne, rock et musique électronique.
Le nom du groupe fait référence à l'échoppe indienne du coin de la rue...
Ce Judy Sucks Lemon For Breakfast est leur sixième album depuis Hold On It Hurts en 1994.
En règle général ce genre de choc des cultures est souvent indigeste. Pour autant les Cornershop arrivent par instant à fournir des titres de très bonne qualité sans pour l'instant arriver à maintenir un haut niveau de qualité sur la durée d'un album.
Ce Judy Sucks A Lemon For Breakfast ne fait pas exception à la règle. Des pistes comme "Operation Push", le disco de "Half Brick", "Judy Sucks Lemon For Breakfast" ou encore "Chamchu" n'atteignent pas leur cible. Par ailleurs, l'apport d'instruments indiens fait également souffler un vent de fraîcheur sur des compositions qui n'auraient pas en temps normal forcément retenues l'attention ("Soul School" ; "Free Love").

Mais comme à l'accoutumée on a le droit à des pistes de bien meilleure tenue comme le drôlatique "Who Fingered Rock'nRoll" où le groupe singe les groupes seventies (ou le Primal Scream de Give Out But Don't Give Up au choix...), l'excellent "The Roll Off Charachteristics (Of History)" ou "The Mighty Quinn" très Beatles période Abbey Road.

Un peu juste c'est vrai pour conseiller l'album mais Cornershop reste un groupe attachant capable de proposer de très bons morceaux. Même si l'appellation peut paraître péjorative, avec Cornershop on se dirige vers l'archétype du groupe à best of. Pour autant on en dira pas toujours autant des groupes anglais actuels ...

Frank


Tracklisting :

01-"Who Fingered Rock 'n' Roll"
02-"Soul School"
03-"Half Brick"
04-"Judy Sucks a Lemon for Breakfast"
05-"Shut Southall Down"
06-"Free Love"
07-"The Roll Off Characteristics (Of History in the Making)"
08-"Operation Push"
09-"The Mighty Quinn" (Dylan)
10-"The Constant Springs"
11-"Chamchu"
12-"The Turned on Truth (The Truth Is Turned On)"

Quelques vidéos :


mardi 17 novembre 2009

Oldies But Goodies : Jack Meatbeat And The Underground Society - Back To World War III (1999)

On poursuit notre tour des disques marquants des années 2000 par un véritable O.M.N.I. (Objet Musical Non Identifié). Bon on triche un peu le disque étant sorti en 1999. Mais il ne fut réellement disponible dans nos contrées que deux ans plus tard...
Sous le nom improbable de Jack Meatbeat & The Underground Society, se cache un groupe finlandais (Sky Williamson ; The Revenger ; Mr Hellstone ; Pete Liha) accompagné d'un argentin, Speedo Martinez.
A noter que Speedo Martinez, Sky Williamson et The Revenger sont également membres des Flaming Sideburns.
Avec ce disque on a l'impression de reprendre là où les Stooges s'étaient arrêté en 1970 avec Fun House. C'est d'ailleurs le seul exemple de disque que l'on peut comparé à ce chef d'oeuvre de la bande à Iggy Pop. La voix de Speedo faisant par ailleurs plus qu'évoquer l'Iguane. Outre les Stooges on pense aussi beaucoup à Hendrix, Blue Cheer et au MC5.
Malgré des conditions d'enregistrement difficiles (l'album est le fruit de sessions s'échelonnant entre 1995 et 1999), ce disque se conçoit comme une immense jam, une transe se partageant entre envolées psychédéliques ("Back In The Delta") et pure furia rock'n rollienne ("Stay & Dance" ; "Brainwash Time" ; "Magnetic KO"). Les morceaux s'enchaînent naturellement sans temps mort, les pistes se superposant les unes aux autres (chaque piste se ponctuant par le début de la suivante). Cette absence de blancs entre les morceaux et le caractère d'urgence qui se dégage de l'album en font un ensemble massif et jouissif.
Même sur les pistes plus apaisées le groupe distille ses effets, donnant l'impression que le morceau peut s'emballer à tout instant ("We Are The Zombies"). Il peut même complètement prendre à contre-pied l'auditeur pour mieux assèner le coup de grâce : les sonorités étranges de "Granada Smokin' Grey", les larsens de "Cosmic Power", et surtout le blues spatial de "Sun Eclipse 1999" enchaîné au cosmique "Space Mountain Blues".

Bien que jouissant d'une excellente côte parmi les personnes qui ont pu se le procurer ce Back To World War III reste injustement méconnu du grand public.
Il est tant que ça change car ce disque est INDISPENSABLE, un des grands oubliés de la décennie !

Frank

P.S. : A noter la splendide pochette reprise d'une bande dessinée de Guy Peellaert, célèbre graphiste/peintre/illustrateur et photographe belge, à qui l'on doit, entre autres, le recueil Rock Dreams.
P.S. 2 : 10 ans après le groupe avait annoncé sa reformation pour une série de concerts notamment en Espagne en juin dernier. On ne sait pour l'heure si cela débouchera sur un nouvel album voire quelques dates en France...

Tracklisting :

01-Tijuana Jam
02-Back In The Delta
03-Stay & Dance
04-Brainwash Time
05-Dating With Witchkraft
06-We Are The Zombies
07-Granada Smokin' Gipsy
08-Cosmic Power
09-Hotel Escobar
10-Magnetic K.O.
11-Sun Eclipse 1999
12-Space Mountain Blues
13-Jack's Ink Gone Red



Quelques videos :





samedi 14 novembre 2009

Chronique : Thee Michelle Gun Elephant - Casanova Snake (2000)

Quand on parle de rock et du Japon on a le droit au choix à des sourires moqueurs ou à des regards dédaigneux. Il faut dire que pour beaucoup d'occidentaux le rock japonais est assimilé au Virtual Kei.
Pourtant le Japon est une terre de rock, de vrai rock loin des clichés et du grandguignol colportés par le Virtual Kei.
Les Thee Michelle Gun Elephant ont été sans doute ce qui se faisait de mieux en rock'n roll au pays du soleil levant. Le groupe aura eu une carrière assez longue de 1991 à 2003 et aura surtout servi d'éclaireurs permettant à d'autres comme les Guitar Wolf (influence majeure des Von Bondies des débuts) et autre 54 Nude Honeys d'émerger sur la scène locale d'abord, internationale ensuite. L'impact du groupe sur la scène garage punk japonaise est assimilable, toute proportions gardées, à celle de Mick Collins (Gories puis Dirtbombs) aux Etats-Unis.
Le groupe est connu en Europe et surtout aux Etats Unis grâce à l'éclairage dont il bénéficia après qu'un certain Anton Newcombe (Brian Jonestown Massacre) eut assisté à l'un de leurs concerts.
La longue discographie du groupe (une dizaine d'albums et d'EP, deux lives et des compils diverses) est parfois difficilement trouvable. C'est à partir de Gear Blues (1998 et 2000 pour l'Europe et les Etats Unis) que le groupe assoit sa renommée naissante, renommée qui s'accentuera avec ce Casanova Snake sorti en 2000.
Le disque est une tuerie, tout simplement. Plein comme un oeuf, 15 morceaux plus 3 bonus tracks sur la version européenne, le groupe propose un garage punk high energy, influencé par les Stooges avec lesquels ils partagent bien des points communs. Ce Casanova Snake sonnant comme leur Raw Power à eux.
Le quatuor (Yusuke Shiba au chant, Futoshi Abe à la guitare, Koji Ueno à la basse et Kazuyuki Kuhara à la batterie) fait parler la poudre, les morceaux s'enchaînent sans temps mort donnant l'impression de vouloir prendre l'auditeur à la gorge pour ne plus jamais le lâcher !
Alors c'est sûr, 18 morceaux c'est beaucoup trop long, mais comment ne pas s'enthousiasmer à l'écoute de certaines de ces pépites de rock enragé à souhait D'ailleurs c'est bien simple, les sept premiers morceaux du disque sont imparables et n'ont que bien peu d'équivalents sur la scène internationale : "Dead Star End", "Cobra", Young Jaguar", Plasma Dive", "Revolver Junkies" "Dust Bunny Ride On" et "Naked Sun" sont autant d'anthems qui nous font regretter de ne plus être des ados pour faire chier nos parents en écoutant ces brûlots le volume à son maximum. Remarquez ils nous restent les voisins...
La suite du disque bien que de bonne qualité n'atteint pas le niveau d'excellence du début d'album même si des morceaux comme "Pinhead Cramberry Dance" ou "Pistol Disco" sont là pour démonter que le groupe en a sous la pédale ! De plus le groupe n'en oublie jamais de soigner ses mélodies et ont se surprend à fredonner les paroles alors que l'on ne parle pas un traître mot de japonais.

Bien que plutôt bien reçu dans nos contrées (disque du mois chez R&F entre autres, une compilation des débuts du groupe est réédité chez Alive Records), le groupe splitte en 2003, officiellement pour ne pas tourner en rond après douze ans de carrière, mais aussi suite à des dissensions au sein du groupe sur l'orientation musicale à donner au groupe.

De temps à autre sortent des albums de pur rock and roll qui viennent en quelque sorte remettre les pendules à l'heure et rappeller les fondamentaux. On classait , entre autres, dans cette catégorie, le Raw Power des Stooges, Overkill de Motorhead et le Richmond Sluts, on y adjoindra ce Casanova Snake.
Les Thee Michelle Gun Elephant n'étaient pas là pour révolutionner le rock : ils étaient le rock.

Frank

Tracklisting :

1. "Dead Star End" - 3:38
2. "Cobra" - 4:56
3. "Young Jaguar" - 3:11
4. "Plasma Dive" - 3:01
5. "Revolver Junkies" - 4:26
6. "Dust Bunny Rides On" - 2:55
7. "Naked Sun" - 3:46
8. "Rhapsody" - 4:03
9. "Bogie's Dawn" - 4:00
10. "Silk" - 4:34
11. "Pinhead Cramberry Dance" - 4:37
12. "Angie Motel" - 3:04
13. "GT400" - 4:16
14. "Pistol Disco" - 2:56
15. "Drop" - 6:29
Bonus Tracks :
16. "Baby Stardust"
17. "Vegas Hip Glider"
18. "Musashino Elegy"



Un très bon article sur le groupe par un fan :
http://www.papermag.com/?section=article&parid=1217


quelques vidéos :

une version hallucinante de "Revolver Junkies" introduite par une reprise de "No Woman No Cry" :



mercredi 11 novembre 2009

Chronique : The Flaming Lips - Embryonic (2009)

Chroniquer un album des Flaming Lips n'est jamais chose aisée. Il faut dire que l'univers musical du groupe entre arrangements psychédéliques, sonorités étranges (notamment dues à l'utilisation d'un theremin instrument de musique électronique permettant de produire de la musique sans que l'on touche physiquement l'appareil...), mélodies pop et goût prononcé pour la distorsion, à de quoi rebuter. La bande à Wayne Coyne a sorti la bagatelle de 12 albums depuis 1986 et on doit bien avouer que même s'il on trouve le groupe plus qu'attachant aucun album n'a su jusqu'à présent totalement nous convaincre et ce malgré les qualités évidentes de The Soft Bulletin (1999) ou de morceaux comme "Do You Realize?".
Toujours dans la démesure, le groupe revient avec sous le bras un double album (son premier), 18 morceaux et 70 minutes de musique... Le groupe y propose une sorte d'immense jam sorte de croisement improbable entre Pink Floyd, Miles Davies, Joy Division, et la musique électronique. Gasp !

Le premier disque comprend des pistes complètement barrées comme l'introductif "Convinced of The Hex" où basse, claviers, guitares et batteries se télescopent sans aucun lien à première vue entre eux, pour former au final un ensemble bien plus cohérent qu'il n'y paraît de prime abord. Le morceau s'enchaîne avec un "The Sparrow Looks Up At The Machine" stratosphérique, sorte de transe cosmique à l'ambiance pesante presque malsaine (que l'on retrouve également sur "See The Leaves").
Pour autant le groupe propose également des plages plus calmes, évoquant Pink Floyd. Ces très bonnes pistes ("Evil", "If" et "The Ego's Last Stand") sont autant d'intermèdes bienvenus entre deux déflagrations sonores.
C'est d'ailleurs quand le groupe se fait plus bruitiste qu'il se montre également nettement moins intéressant. Des morceaux comme "Aquarius Sabotage", "See The Leaves" ou "Your Bats", s'écoutent et s'oublient tout aussi vite...
Néanmoins l'ambiance particulière qui se dégage de ce premier disque et la qualité de certaines pistes ("Gemini Syringes" ou l'épique "Loverless") permettent d'oublier les défauts d'un premier disque parfois bancal.

Le deuxième disque fait la part belle aux contributions extérieures. Ainsi Karen O des Yeah Yeah Yeahs pose sa voix sur les très bons "I Can Be A Frog" et "Watching The Planets", tandis que les Flaming Lips s'accoquine aux MGMT pour le furieux "Worm Mountain".
Ce second disque est pourtant bien plus équilibré que le premier et propose de nombreuses pistes aux envolées lyriques où l'on sent que le groupe s'est librement inspiré du jazz notamment sur "The Impulse" qui doit autant à Miles Davis et Coltrane qu'à Kraftwerk et dans une moindre mesure sur "Sagittarius Siver Announcement".
Le groupe n'en oublie pas les morceaux plus enlevés comme ce "Worm Mountain" un peu décevant ou surtout le superbe "Silver Trembling Hands".

Au final, on mesure toute la difficulté de réaliser un double album. Amputé de quelques morceaux, les Flaming Lips aurait enregistré un très bon disque.
Pour autant le disque comporte suffisamment d'atouts pour que les fans y trouvent leur compte et constitue à ce titre une excellente manière pour les néophytes de s'initier à l'univers si particulier du groupe.

Frank

Tracklisting :

Disque 1 :
1. "Convinced of the Hex"
2. "The Sparrow Looks Up at the Machine"
3. "Evil"
4. "Aquarius Sabotage"
5. "See the Leaves"
6. "If"
7. "Gemini Syringes" (featuring Thorsten Wörmann and Karen O)
8. "Your Bats"
9. "Powerless"
10. "The Ego's Last Stand"

Disque 2 :
11. "I Can Be a Frog" (featuring Karen O)
12. "Sagittarius Silver Announcement"
13. "Worm Mountain" (featuring MGMT)
14. "Scorpio Sword"
15. "The Impulse"
16. "Silver Trembling Hands"
17. "Virgo Self-Esteem Broadcast" (featuring Thorsten Wörmann)
18. "Watching the Planets" (featuring Karen O)

A noter que la version proposée en téléchargement comporte quatre autres pistes :
19. "UFOs Over Baghdad"
20. "What Does It Mean?"
21. "Just Above Love"
22. "Anything You Say Now, I Believe You"

L'album en écoute sur deezer :
http://www.deezer.com/en/index.php?incr=1#music/the-flaming-lips/embryonic-398999

Le myspace du groupe :
http://www.myspace.com/flaminglips





dimanche 8 novembre 2009

Chronique : Benjamin Biolay - La Superbe (2009)

Tout le monde connaît Benjamin Biolay ! Ses quelques passages dans les médias l'inscrivent dans la grande tradition, initiée par l'Homme à la Tête de Chou, des chanteurs-provocateurs-têtes à claques à la française. Ajoutez à cela une réputation collant à la vision bien stéréotypée du "bobo", des "articles de fond" sur ses idylles sentimentales rédigés par la presse de salle d'attente médicale (aussi appelée "presse people"), et tout semble fait pour que Biolay devienne le péstiféré des mélomanes.
Mais cela ne doit pas faire oublier que Biolay est également un musicien, et qu'il sort cette année son nouvel opus.
Et le moins que l'on puisse dire est que Benjamin n'est pas radin : La Superbe est un double album, dont le single éponyme était déjà disponible en téléchargement libre, pour peu qu'on le demande gentiment au site web du chanteur. "Quoi ? Un double album ? Trop long ..." s'exclame M. Pop, qui sait que marier quantité et qualité constitue généralement une gageure, bien qu'il soit également fan de l'ami Biolay. Donc qu'en est-il de cet étrange objet ?

Eh bien, si Biolay a passé une bonne partie de ses interventions médiatiques à tenter de flinguer la "Nouvelle Chanson Française Télérama-France Inter" (son fameux "la chanson française me débecte"), il y parvient de façon bien plus pertinente en une bonne vingtaine de titres, tous plus bluffants les uns que les autres.

Le morceau donnant son titre à l'album constitue d'entrée de jeu ce que Biolay faisait de mieux jusqu'ici : arrangements de corde délicats et lancinants, discrète partition d'un piano pourtant omniprésent, bref, le sommet de la symphonie pop biolaysienne qui synthétise assez bien tout ce qu'on avait adoré de lui depuis son premier album Rose Kennedy.

Cependant, Biolay impressionne cette fois par sa capacité à se réapproprier des influences qui semblent parfois attendues, et d'autres fois totalement insoupçonnées.

Ainsi, Night Shop est un hommage le plus vibrant à Bashung : le chant, le rythme et la symphonie évoquent une Fantaisie Militaire jamais entendue, ce qui constitue un plaisir forcément déléctable. De même, Miss Catastrophe conjugue l'influence tutélaire de Gainsourg et Bashung : paroles aux sonorités dures et cruelles de l'un, mêlées à une mélodie aux nuances claires-obscures amères de l'autre.
A l'opposé, l'artiste s'offre des incursions new orderiennes surprenantes et réussies (Si Tu Suis Mon Regard, Prenons le Large, Assez Parlé de Moi), des hits potentiels que la maisons de disque a pu s'offrir le luxe de ne pas proposer en singles.
Mais ces influences plus ou moins prégnantes ne font pas oublier que Biolay reste Biolay.

En effet, s'il est des aspects de l'oeuvre du compositeur qui n'ont pas disparu avec le changement de maison de disque opéré avant la sortie de ce nouvel album, c'est bien la noirceur, la colère et la mélancolie (votre serviteur a d'ailleurs eu le courage insensé d'écouter l'album en entier lors d'un week-end pluvieux, ce qui est fortement déconseillé).

Ainsi, soucieux de racheter son image de "mauvais garçon", l'artiste apporte sa modeste contribution au débat national initié par M. Besson (mais si, vous savez bien, "c'est quoi, être français ?"), en livrant une radiographie concise et cinglante de notre société, expédiée en une trentaine de vers, ironiquement intitulée Sans Viser Personne. Sa réponse est simple : "Déçu de nous, déçu de tout.". Tout y est dit avec un minimum d'effets, avec une finesse toute relative, mais avec une parfaite élégance.
Entre la ballade naïve et suicidaire 15 Août, au climat sonore lourd évoquant le déjà regretté Jacno, et le résumé glacé d'une relation amoureuse, mis en musique avec Jeannne Cherhal dans Brandt Rhapsodie, Biolay s'enfonce plus encore dans les tréfonds de son égo torturé.
Les petites lâchetés et rancoeurs inhérentes à beaucoup (toutes ?) d'histoires sentimentales sont décrites sans concessions (Tout ça Me Tourmente, Jaloux de Tout), enrobées parfois par des sonorités d'une douceur ironique toute smithsienne.
Probablement le moment le plus émouvant de l'album, Ton héritage est une mélodie dédiée à la fille du chanteur, emplie de bout en bout d'un optimisme totalement désespéré.

L'album se clôt par le morceau de facture plus classique mais délicate, 15 Septembre, histoire d'une rupture mélancolique qui s'achève par des paroles constituant une variation du morceau introduisant ce même album (La Superbe) , un petit gimmick idiot mais délicieux, tant il conforte le sentiment global de cohérence apporté par le double CD.

Avec La Superbe, Biolay semble commencer à s'imposer comme le potentiel "futur patron de la chanson française : son écriture s'est encore affinée (l'influence de la poésie des textes de Bashung) sans qu'il ne renie ses thèmes de prédilection, la tonalité globale de sa musique s'est encore assombrie et des fulgurances pop anglo-saxones traversent de part en part un album d'une richesse surprenante.

La Superbe est une définitivement drogue dure : vénéneuse et hautement addictive.

M. Indie

http://www.myspace.com/benjaminbiolay

L'album en écoute sur deezer :
http://www.deezer.com/en/index.php?incr=1#music/benjamin-biolay/la-superbe-392891

Disque 1
1- La superbe (choeurs : Gesa Hansen)
2- 15 août (lettre lue par Valérie Donzelli)
3- Padam
4- Miss Catastrophe
5- Ton héritage
6- Si tu suis mon regard
7- Night Shop
8- Tu es mon amour
9- Sans viser personne (Benjamin Biolay / Benjamin Biolay - Pierre Jaconelli)
10- La toxicomanie
11- Brandt Rhapsodie (Benjamin Biolay - Jeanne Cherhal / Benjamin Biolay en duo avec Jeanne Cherhal)

Disque 2
1- L'espoir fait vivre
2- Prenons le large
3- Tout ça me tourmente (voix : Jeanne Cherhal)
4- Assez parlé de moi
5- Buenos Aires (voix : Frederico Schindler)
6- Raté
7- Lyon presqu'île (voix : Alka)
8- Mélancolique
9- Reviens mon amour
10- Jaloux de tout
11- 15 septembre
12- Les grands ensembles (titre bonus présent dans l'édition limitée)


mercredi 4 novembre 2009

Chronique : Ben Kweller - On My Way (2004)

Voilà le genre de personnage que l'on se plaît à aimer : pas de poses, une bonne bouille et un sens rare de la mélodie accrocheuse mais jamais sirupeuse.
Après des débuts mouvementés au sein de Radish (vite catalogué comme une pâle imitation de Nirvana), Ben Kweller (chanteur/guitariste/compositeur) avait sorti en 2002 son premier album solo intitulé Sha Sha. Malgré d'évidentes qualités, le bonhomme avait du mal à se créer une identité propre, parfois engoncé dans ses influences (Weezer notamment) ce qui donne un patchwork musical interressant (folk, rock, pop, punk) mais parfois usant à l'écoute. Pourtant on percevait un réel talent de composition, un véritable songwriter en puissance, notamment sur le morceau "Wasted & Ready" où il jette un regard très lucide sur ses premiers pas discographiques au sein de Radish et sur la difficulté de trouver sa voie à vingt ans.

Il retiendra la leçon à l'heure d'enregistrer ce deuxième album où il laisse enfin exploser tout son talent. On My Way est l'album de la mâturité, celui qui fait passer Ben Kweller du statut d'espoir à celui de songwriter confirmé.
Bien qu'entouré des mêmes musiciens (Josh Lattanzi à la basse, John Kent à la batterie et Mike Stroud à la guitare), le son de On My Way voit les musiciens joués en véritable groupe. Le choix d'un enregistrement live lui assurant un regain de puissance et une assise toute rock'n rollienne qui sied à merveille à ses compositions. En effet, le groupe enregistre en une prise, sans effets d'aucune sorte.
Que ce soit sur les pistes les plus enlevées (les breaks maîtrisés à la perfection sur "I Need You Back" ; "The Rules" ; "Down" très Weezer ; "Ann Disaster") ou dans les moments plus feutrées ("On My Way" ; "Living Life" qu'aurait pu écrire les Beatles), le groupe joue juste.
Sonnant tour à tour pop ("My Apartment" ; "Believer" ; "Different But The Same"), folk ("On My Way" ; "Hear Me Out" porté par de splendides parties d'harmonica) voire avec un côté cabaret (le piano de "Hospital Bed"), l'album présente néanmoins une cohésion absente de Sha Sha.
La voix langoureuse, écorchée ou lancinante suivant les morceaux de Ben Kweller se prêtant merveilleusement aux petites scénettes qu'il met en musique.
Les paroles des morceaux concourrent également à l'ambiance particulière qui se dégage de ce disque. Ben Kweller arrive ainsi à faire partager à l'auditeur les sentiments qu'ils évoquent dans ses morceaux, chose suffisamment rare pour être signalée. Que ce soit ses histoires de coeur comme sur "I Need You Back" -Like a ghost on his darkest visit / you got my soul, now baby why is it / gone gone gone? take it from me / You're free if you can sleep at night, / You really must be hard if you're feeling alright-, ou sur des thèmes plus légers encore où il manie l'humour de façon remarquable : "Hospital Bed" - We are just a sexual making me an alcoholic relation - ou "On My Way" - I want to kill this man but he turned around and ran / I'll kill him with karate that i learned in Japan / He wouldn't see my face. I wouldn't leave a trace / I wouldn't use a bullet cause a bullet's a disgrace -.

Au final on tient un excellent album qui s'écoute cinq ans après sa sortie avec un égal plaisir.

Frank

http://www.myspace.com/benkweller

Quelques vidéos :


Deux performances acoustiques :

lundi 2 novembre 2009

Chronique : The Dirtbombs - Ultraglide In Black (2001)

Il aurait été impardonnable de finir la décennie sans évoquer ce superbe brûlot soul/rock des Dirtbombs. Les Dirtbombs c'est avant tout la rencontre de deux hommes, deux figures désormais historiques de la scène de Detroit : Mick Collins et Jim Diamond.
Jim Diamond, on ne le présente plus, produisant la plupart des groupes de Detroit entre la deuxième moitié des années 90's et les années 2000's dans ses studios du Ghetto Recorder.
Mick Collins souhaitait monter un nouveau groupe après l'aventure des Gories et l'histoire éphémère de Blacktop. Toutefois il ne voulait pas fonder de formation de garage rock (il en refuse encore aujourd'hui l'etiquette) mais plutôt un veritable orchestre comme on n'en conçoit dans le jazz.
Il s'entoure donc de Jim Diamond à la basse, de Tom Potter à la fuzz et, grande originalité du groupe, de deux batteurs : Pat Pantano et Ben Blackwell.
Bien que conçu à la base pour n'être qu'un groupe à singles, Mick Collins réenregistre avec cette formation, sur ce deuxième album (après Horndog Fest sorti en 2000) des standards du funk et de la soul qu'il dynamite littéralement puisant à la source du punk rock et du garage, le tout porté par une assise rythmique ahurissante de maîtrise.
Bien qu'il s'agisse d'un album de reprise, le groupe arrive ainsi à tisser un univers musical qui n'appartient qu'à lui, apposant sa patte sur ces compositions. Pour tout dire les Dirtbombs s'approprient ces classiques.
Il faut entendre ces reprises survitaminées de "Chains Of Love", "Underdog", "Your Love Belongs Under A Rock" (seule composition originale signée Mick Collins) ou le groove incendiaire qui se dégage de "Livin' For The City" ou "Ode To A Black Man". Mieux certains morceaux sont même supérieurs aux originaux. La gouaille de mIck Collins, cette voix chaude, puissante et rocailleuse renforce l'impression d'urgence qui se dégage de ce Ultraglide In Black.
C'est simple cet album prend aux tripes et donne envie de se remuer illico la couenne dans tous les sens.

Avec ce deuxième album les Dirtbombs rentrent au panthéon du rock, on ne compte plus les groupes citant ces derniers comme une influence majeure, ce qui est palpable sur bon nombre de productions ultérieures. A ce jour il s'agit aussi d'une des rares formations à pouvoir se vanter d'une discographie sans faille.

Frank

Tracklisting :
1. "Chains of Love" J.J. Barnes, M. Davis, D. Davis
2. "If You Can Want" Smokey Robinson The Miracles
3. "Underdog" Sly & the Family Stone
4. "Your Love Belongs Under a Rock" Mick Collins
5. "I'll Wait" George Clinton & The Parliaments
6. "Living For the City" Stevie Wonder
7. "The Thing" Larry Bright
8. "Kung-Fu" Curtis Mayfield
9. "Ode to a Black Man" Phil Lynott
10. "Got to Give It Up" Marvin Gaye
11. "Livin' For the Weekend" Kenny Gamble (The O'Jays)
12. "I'm Qualified to Satisfy You" Barry White
13. "Do You See My Love (For You Growing)" R. Beavers, Johnny Bristol (Junior Walker & the All-Stars)



L'album en écoute sur deezer :
http://www.deezer.com/fr/#music/the-dirtbombs/ultraglide-in-black-208327
Quelques vidéos :



The Dirtbombs pour la blogotheque...

vendredi 30 octobre 2009

Chronique : The Richmond Sluts (2001)

Avant la fin de cette décennie on va tenter de vous livrer les chroniques des disques à retenir de ces dix dernières années. On ne vise pas à l'exhaustivité bien sur, juste à vous présenter nos coups de coeur.
Composé de Chris Beltran (basse), Brad Artley (batterie), Justin Lynn (piano et orgue) et Shea Robert (chant et guitare), nos salopes de Richmond nous viennent de San Francisco. Venaient devrions nous dire vue que le groupe a tout simplement splitté juste après la sortie de ce véritable brûlot. Un one shot donc, qui dans un monde idéal devrait être cité dans toutes les anthologies rock qui se respectent.

Car les Richmond Sluts incarnent à merveille le rock'n roll. Musicalement bien entendu où le groupe apparaît comme le chaînon manquant entre les Stooges de Rawpower et les New York Dolls mais aussi dans toute sa dramaturgie : attitude provocatrice (voir la pochette), ton décadent et compositions qui n'ont rien à envier au meilleur d'Iggy Pop ou de Lou Reed.
En effet, les Richmond Sluts ont réussi à capter l'essence de leur quotidien et à en offrir une vision saisissante comme en témoigne les thèmes abordés par le groupe : sexe, drogues, mort...
Avec une énergie sans faille, le groupe enfile les perles. "Take You Home" qui ouvre l'album est le genre de morceau que bon nombre de groupes désespèrent d'écrire un jour : tout y est, la puissance de la section rythmique, une ligne de basse renversante à mi-morceau, des guitares rageuses. Shea Roberts couche son timbre de voix si particulier, chantant comme si sa vie en dépendait renforçant l'urgence qui se dégage de chacun des titres. On a l'impression qu'il est au bord de la rupture sur chacune des pistes.
Le plus surprenant, c'est que le groupe ne se contente pas d'écrire un ou deux morceaux et d'ensuite faire du remplissage. Bien au contraire, chaque titre révèle un haut niveau d'exigence et même d'excellence. Les claviers (orgue et piano) omniprésents font souffler un vent de fraîcheur bienvenu ("Drive Me Wild"). Sur chaque piste les Richmond Sluts font étalage de leur talent notamment en trouvant le gimmick ou l'idée qui transforme un bon morceau en pépite : la basse de "Take You Home" ou de "Sad City", les nappes d'orgue sur "Service For The Sick", l'attaque de guitare de "Junky Queen", les doublements de voix sur "Contagious", ou la présence (sic) féminine sur "Bittersweet Kiss". On pourrait décliner le principe sur chacun des morceaux...

La pression ne retombe jamais et l'écoute de cet album laisse tout à la fois exsangue et heureux. Surtout que l'album se conclut sur ce "Yeah Alright", très sixties, qui démontre à qui veut bien l'entendre que les Richmond Sluts avait tout pour devenir LE groupe des années 2000. Le destin en a malheureusement décidé autrement.

Ce disque constitue un achat indispensable. Vous venez de perdre votre emploi? Votre femme vous a quitté ou simplement vous vous trouvez (trop) loin de l'être cher ? Ce disque sera le compagnon idéal de vos moments de solitude. Une écoute de ce disque refile instantanément la pêche, recharge les accus, pour tout dire on se sent mieux. Un disque qui devrait être remboursé par la Sécu.


Frank

Tracklisting :

1 - Take You Home
2 - Service For The Sick
3 - Drive Me Wild
4 - Junky Queen
5 - Sad City
6 - Contagious
7 - Bittersweet Kiss
8 - Paddy Wagon
9 - City Girls
10 - Thought I Was Dead
11 - Yeah Allright

Très peu de vidéos sont malheureusement disponibles sur le net ... et deezer ne propose même pas l'album en écoute... Heureusement il reste le myspace du groupe :
http://www.myspace.com/therichmondsluts





samedi 24 octobre 2009

Chronique : The Rebels Of Tijuana - J'adore ce flic EP (2009)

Quatuor formé en juin 2008, The Rebels Of Tijuana sort aujourd'hui son tout premier EP. Composé de quatre titres, le tout n'excédant pas 10 minutes, nos rebelles (franco-suisses?) ne s'embarrassent pas de fioritures, concision et efficacité semblant être leurs seuls buts à atteindre.
Énergique, bourré d'humour, le freakbeat des Rebels Of Tijuana fait plaisir à entendre. Influencé par le garage rock sixties, on pense néanmoins aux premiers EPs de Jacques Dutronc notamment sur les deux premiers titres "J'adore ce Flic" et "Ma Jaguar".
"J'adore ce Flic" freakbeat génial qui rappelle également beaucoup Nino Ferrer aussi bien dans le chant que dans le côté décalé des paroles est un pur moment de plaisir. Sur ce morceau, le personnage central malgré son rejet de l'autorité avoue son respect pour un certain Benjamin, fonctionnaire de police de son état, mais surtout grand amateur de rock and roll (et qui en plus porte ray-ban, levis et a rencontré Ringo Star à Chelsea !). Le morceau permet aussi de constater que le groupe est assez doué musicalement : que ce soit la ligne de basse, les nappes de clavier ou la partie de guitare à la fin du morceau tout est parfait.
"Ma Jaguar", à la profession de foi qui ne manque pas de classe et d'humour ("Ma jaguar, ma femme et l'amour") poursuit dans la même veine, avec le même cocktail de fraîcheur et d'énergie débridée dans le même esprit que les lillois de Sheetah & The Weissmuller.

Les deux titres suivants sont d'un moindre intérêt malgré d'évidentes qualités.
"Garden Of Drugs" est un instrumental qui permet au groupe de manifester son attrait pour les sonorités psychédéliques tandis que "Between The Stars" est quant à lui l'occasion de troquer la langue de Molière pour celle de Shakespeare. Si le résultat est honorable le groupe semble curieusement moins à l'aise dans cet exercice.

Au final, The Rebels Of Tijuana réussit à nous offrir un cocktail rafraîchissant de rock'n roll et de yéyé, osant avec bonheur le chant en français exercice si périlleux habituellement.
Alors bien sûr rien de bien neuf sous le soleil mais on passe un agréable moment à l'écoute ce EP et c'est déjà pas si mal non ?

Un album est attendu pour début 2010. On mise quelques euros sur le groupe.

Frank

Tracklisting :

1- J'adore ce flic
2- Ma Jaguar
3- Garden Of Drugs
4- Between The Stars

le EP est écoutable via le myspace du groupe :
http://www.myspace.com/therebelsoftijuana



jeudi 22 octobre 2009

Chronique : A Place To Bury Strangers - Exploding Head (2009)

Exploding Head est le deuxième album de l'excellent groupe new-yorkais A Place To Bury Strangers. On avait déjà eu l'occasion d'évoquer leurs débuts discographiques plus que prometteurs (ici) et l'intensité incroyable qui se dégage du groupe lors de prestations scéniques dantesques (ici). Pour rappel, le groupe est composé d'Oliver Ackermann (guitare/chant), Jono MOFO (basse) et Jay Space (batterie) .
Ce nouvel album est aussi le premier sur le label Mute Records, label appartenant au groupe EMI et spécialisé dans le post-punk.
Premier constat, les guitares sont toujours aussi métalliques voire parfois quasi industrielles ("Lost Feeling"), la basse a gagné en souplesse et les parties de batterie sont toujours aussi syncopées évoquant presque une boîte à rythme comme chez Joy Division, influence majeure du groupe.
Toutefois on note quelques variations inédites et bienvenues comme ce "Deadbeat" qui convoque le fantôme des Cramps ou sur "In Your Heart" et "Keep Slipping Away", qui voient le groupe se poser en concurrent sérieux de The Horrors sur le créneau du revival cold wave.
Ce Exploding Head marque ainsi une évolution notable dans le son du groupe, moins shoegaze, plus cold wave. Si le mur sonore que dresse le groupe est toujours aussi impressionnant de puissance ("Ego Death" ; les effets de distorsion sur "Everything Always Goes Wrong"), il ne relève plus comme sur le précédent album du domaine de l'agression sonore. Le groupe a pris de l'ampleur, du volume et ça s'entend. Il arrive même à dégager un certain groove, glacial certes mais qui donne une dimension nouvelle à des compositions plus affinées. Des pistes comme "Smile When You Smile" ou surtout "Exploding Head" qui renvoit au meilleur de Cure en sont la preuve.
L'album s'achève sur "I Lived My Life To Stand In The Shadow Of Your Heart" au chant presque pop, ouvrant de nouvelles perspectives pour un groupe qui mérite bien mieux que l'anonymat dans lequel il semble confiner.
APTBS poursuit donc son petit bonhomme de chemin, contre vents et marées, offrant ce qui se fait de mieux à l'heure actuelle dans le genre sans jamais sombrer dans l'écueil majeur de ce type de production : n'être qu'une pâle copie de ses prédécesseurs. Bien au contraire, les APTBS font à coup sûr partie des groupes à retenir de cette décennie et on espère de la suivante.

Frank

Tracklisting :

1. "It Is Nothing"
2. "In Your Heart"
3. "Lost Feeling"
4. "Deadbeat"
5. "Keep Slipping Away"
6. "Ego Death"
7. "Smile When You Smile"
8. "Everything Always Goes Wrong"
9. "Exploding Head"
10. "I Lived My Life to Stand in the Shadow of Your Heart"


Le lien deezer :
http://www.deezer.com/en/index.php?incr=1#music/a-place-to-bury-strangers/exploding-head-393642










dimanche 11 octobre 2009

Chronique : Howling Diablos - Divine Trash Highway (2009)

On a déjà eu l'occasion de vous parler de cet excellent groupe de Detroit responsable d'un splendide album, Car Wash, sorti en 2005 chez Alive Records (ici). Ce Divine Trash Highway sorti cette année n'est pas à proprement parlé un nouvel album mais une compilation de titres enregistrés entre 1995 et 2003 et ce dans divers studios et par différents producteurs.
On aurait pu craindre un assemblage hétéroclite qui aurait nuit à la cohérence de ce disque, et pourtant il n'en est rien. Mieux on découvre le groupe sous un jour nouveau, loin des préoccupations plus catchy, plus punk blues, de Car Wash.
Le groupe se fait plus groovy, plus funky voire carrément jazzy.
On prend pour tout dire un pied phénoménal à l'écoute de la plupart des 14 titres composant ce disque.
Le groupe s'associe le temps de deux compositions ("If You Love Someone" ; "Junkyard Jesus") à Calvin Cooke, génial musicien maniant la steel comme personne et qui dope littéralement l'introductif "If You Love Someone". On notera également une reprise splendide de "Momma Told Me Not To Come" de Randy Newmann, sur lequel la gouaille de Tino Gross et des choeurs inspirés du gospel donnent un nouveau souffle à ce classique (surpassant aisemment la version des Three Dog Night ou plus récemment celle des Stereophonics avec Tom Jones...).
La façon d'aborder des styles aussi différents tout en conservant une certaine forme d'identité musicale n'est pas sans rappeler les Dirtbombs. D'ailleurs sur "Moonshine" ou même "CIA" le parrallèle est assez frappant : on jurerait que Mick Collins jamme avec le groupe !
Le groove dont font preuve les Howling Diablos sur "Check It Out" nous ramène en plein Harlem en plein seventies !
Les musiciens comme à l'habitude sont irréprochables, l'apport du sax de Jonny Evans apportant comme sur Car Wash un cachet tout particulier décuplant ici le côté résolumment funky des compositions, développant un beat qui remémorre les temps glorieux de Sly & The Family Stone ("Josephine").
Le groupe n'en oublie pas pour autant son côté rock'n roll, des pépites comme "Dodge Main" sont là pour en attester. Même sur le terrain souvent glissant de la ballade bluesy, les Howling Diablos évitent soigneusement les écueils et arrivent à convaincre ("Rainin' In Mississippi").
Malgré ce concert de louanges, tout n'est pas parfait et nous rappelle que le groupe reste humain et donc sujet à se fourvoir par instant : l'intro insupportable aux claviers de ce "Hobo Jungle" quelque peu raté ou ce "Mom" hésitant entre blues et r'n'b et qui tourne rapidement en rond. Curieusement, "Mexican Laundromat", qui aurait pu se trouver sur Blowback de Tricky, tout en reprenant la même orientation musicale que "Mom" réussit lui son coup, achevant de démontrer que le groupe à plus d'une corde à son arc.
Rien toutefois n'entame notre enthousiasme et on pardonne rapidement au groupe ces quelques choix que l'on trouve (avec toute notre subjectivité) discutable. Surtout que la fin de l'album reprend sur des bases élevées avec un "Leaving In The Morning" enlevé sorte de blues du bayou, un "Junkyard Jesus" hypnotique et ce "Divine Trash Highway" hallucinant où sur une rythmique épileptique le groupe propose un boogie/ska, rien que çà !

Au final, et en attendant un nouvel album en 2010, les Howling Diablos confirment qu'ils sont un groupe à part, en dehors de toutes modes. Ils incarnent de façon remarquable une alternative à la médiocrité dont souhaitent nous abreuver l'industrie du disque. Ce doit être pour cela qu'on les aime autant !

Frank

(http://www.myspace.com/howlingdiablo)

If You Love Someone :


Moonshine :


Momma Told Me Not To Come :


Divine Trash Highway :


Très peu de vidéos du groupe sont disponibles, on a néanmoins pu dégotter celles-ci :


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Maintenant j'imagine qu'une question, essentielle voire existentielle, vous taraude : Who The Fuck Are They ? Laissez moi vous conter une histoire...
Il était une fois trois amis quelque peu "désoeuvrés", fans de musique, déçus de la presse musicale et qui un jour se sont dit : pourquoi pas nous? Puisque l'on ne trouve pas ce que l'on cherche dans la presse pourquoi ne pas animer nous même notre blog musical? Ainsi avec nos défauts mais aussi notre enthousiasme, ce blog a vu le jour. Votre serviteur qui chaque mois dépense plus en disques qu'en nourriture et mes acolytes qui à l'occasion viennent contrebalancer mes penchants pour le rock saignant... Mr Pop, nutritionniste qui défend l'idée que l'apport journalier d'une pop racée et sucrée peut lutter efficacement contre le diabète et réduire l'apparition des caries. Et Mr Indie, psychiatre, convaincu des vertus du bruit blanc pour lutter contre la schizophrénie, méthode testée sur lui même avec succès... Désireux de s'ouvrir sur le monde et pour faire face aux productions de plus en plus épisodiques de Mr Pop et Mr Indie, l'équipe a été rejointe par d'autres intermittents du spectacle : - le délicieux Mr Cocktail qui passe des heures sur internet, entre deux siestes, à traquer de quoi alimenter ses billets d'humour, - Mr Bof autre cerveau malade, amoureux du cinéma bis et qui nous fait partager sa passion pour les musiques de films, - John The Revelator, historique lecteur du blog, qui est passé temporairement de l'autre côté et qui doit depuis lutter contre sa timidité maladive pour offrir de nouveaux articles... Frank