Chronique : A Place To Bury Strangers - Exploding Head (2009)

Exploding Head est le deuxième album de l'excellent groupe new-yorkais A Place To Bury Strangers. On avait déjà eu l'occasion d'évoquer leurs débuts discographiques plus que prometteurs (ici) et l'intensité incroyable qui se dégage du groupe lors de prestations scéniques dantesques (ici). Pour rappel, le groupe est composé d'Oliver Ackermann (guitare/chant), Jono MOFO (basse) et Jay Space (batterie) .
Ce nouvel album est aussi le premier sur le label Mute Records, label appartenant au groupe EMI et spécialisé dans le post-punk.
Premier constat, les guitares sont toujours aussi métalliques voire parfois quasi industrielles ("Lost Feeling"), la basse a gagné en souplesse et les parties de batterie sont toujours aussi syncopées évoquant presque une boîte à rythme comme chez Joy Division, influence majeure du groupe.
Toutefois on note quelques variations inédites et bienvenues comme ce "Deadbeat" qui convoque le fantôme des Cramps ou sur "In Your Heart" et "Keep Slipping Away", qui voient le groupe se poser en concurrent sérieux de The Horrors sur le créneau du revival cold wave.
Ce Exploding Head marque ainsi une évolution notable dans le son du groupe, moins shoegaze, plus cold wave. Si le mur sonore que dresse le groupe est toujours aussi impressionnant de puissance ("Ego Death" ; les effets de distorsion sur "Everything Always Goes Wrong"), il ne relève plus comme sur le précédent album du domaine de l'agression sonore. Le groupe a pris de l'ampleur, du volume et ça s'entend. Il arrive même à dégager un certain groove, glacial certes mais qui donne une dimension nouvelle à des compositions plus affinées. Des pistes comme "Smile When You Smile" ou surtout "Exploding Head" qui renvoit au meilleur de Cure en sont la preuve.
L'album s'achève sur "I Lived My Life To Stand In The Shadow Of Your Heart" au chant presque pop, ouvrant de nouvelles perspectives pour un groupe qui mérite bien mieux que l'anonymat dans lequel il semble confiner.
APTBS poursuit donc son petit bonhomme de chemin, contre vents et marées, offrant ce qui se fait de mieux à l'heure actuelle dans le genre sans jamais sombrer dans l'écueil majeur de ce type de production : n'être qu'une pâle copie de ses prédécesseurs. Bien au contraire, les APTBS font à coup sûr partie des groupes à retenir de cette décennie et on espère de la suivante.

Frank

Tracklisting :

1. "It Is Nothing"
2. "In Your Heart"
3. "Lost Feeling"
4. "Deadbeat"
5. "Keep Slipping Away"
6. "Ego Death"
7. "Smile When You Smile"
8. "Everything Always Goes Wrong"
9. "Exploding Head"
10. "I Lived My Life to Stand in the Shadow of Your Heart"

Le lien deezer :
http://www.deezer.com/en/index.php?incr=1#music/a-place-to-bury-strangers/exploding-head-393642

http://www.myspace.com/aplacetoburystrangers

Chronique : The Horrors - Primary Colors (2009)

La surprise du chef ! Tel est un peu notre sentiment à l'écoute de ce deuxième album de The Horrors. Petit flashback : en 2007 dans l'indifférence générale en France et ce malgré un bon petit buzz en Angleterre, The Horrors sort un album garage/gothique assez trippant, Strange House, petit bijou pas abordable pour deux sous mais qui révélait tous ses sucs après plusieurs écoutes.

Deux ans se sont écoulés. Et deux ans dans le monde musical c'est long. Quitte à revenir avec un second Lp sous le bras, The Horrors change complètement de style et nous propose avec ce Primary Colors, de la new wave haut de gamme ! Haut de gamme car jamais le premier Interpol, par exemple, n'atteint les sommets de ce Primary Colors.
C'est bien simple ce disque peut supporter la comparaison avec Unknown Pleasures de Joy Division ou Pornography de Cure, les deux maîtres-étalons en la matière, à l'aune desquels est jugé tout nouveau disque de new wave.
Introduit par quelques sonorités électroniques, "Mirror's Age" convoque le fantôme de Ian Curtis, ombre bienveillante qui plane sur les 10 pistes de l'album.
Riffs acérés quasi cliniques, claviers et basse pesants, batterie metronomique, le groupe tisse des ambiances glauques qui doivent beaucoup au travail à la production de Geoff Barrow (Portishead). Le groupe alterne entre plages étouffantes ("Three Decades" ; "Do You Remember") et tempos plus enlevés (le splendide "Who Can Say" porté par de somptueuses parties de clavier ; "Scarlet Fields"), tandis que "I Can't Control Myself" fait le pont avec leur premier album.
La voix très maniérée sur certaines pistes, qui agacerait dans d'autres circonstances se prête finalement merveilleusement au genre.
Mais le groupe ne donne jamais l'impression malgré des influences pesantes de se contenter de réciter ses leçons (parfaitement apprises au demeurant). La preuve la plus éclatante en est les deux longues (plus de sept minutes) et superbes pistes que sont "I Only Think Of You" et "Sea Within The Sea".
Sur "Only I Think Of You", The Horrors semble jouer en plein brouillard, le rythme lent et les riffs distordus contribuant à créer une ambiance brumeuse sur laquelle la voix, caverneuse à souhait, fait des merveilles. A contrario "Sea Within A Sea", est une pièce épique aux multiples facettes, virant electro a mi-morceau, portant le morceau vers des sommets. Surprenant et splendide à la fois.
En ces temps de marasme économique, The Horrors arrivent à point nommé pour en offrir la bande-son... On adore.

Mr Rock

(http://thehorrors.co.uk/)
(http://www.myspace.com/thehorrors)

Chronique : Black Kids - Partie Traumatic (2008)

Black Kids... sous ce nom se cache le dernier groupe à la mode, le truc à écouter absolument si on veut être "in" dans les soirées branchouilles... Le buzz s'est propagé via leur site myspace où le groupe avait mis à disposition un EP 4 titres assez enthousiasmant, Wizard of Ahhhs.
A mi-chemin entre les Cure de Three Imaginary Boys et les Hot Hot Heat, les Black Kids propose une new wave façon eighties assez marquée mais pas ringarde pour deux sous malgré l'omniprésence des claviers : "Hit The Heartbrakes", "Hurricane Jane", "I've Underestimated My Charm" et surtout le démentiel "I'm Not Gonna Teach Your Boyfriend How To Dance With You" sont tous de très bons morceaux, donnant une irrépressible envie de se secouer la couenne.
Bon attention, il ne s'agissait pas malgré les promesses de dire qu'on tenait là le futur groupe de l'année mais au moins le groupe parfait pour l'été à écouter en se dorant sur la plage!
Repoussé en septembre, l'album Partie Traumatic était donc assez attendu...
Las, on n'y retrouve jamais le côté jouissif du EP... les seuls bons morceaux étant ceux justement issus du EP, ce qui fait un peu juste sur un album de dix titres vendus quinze euros...
On sauvera pour être gentil "I Wanna Be Your Limousine" pour l'humour crétin (mais vraiment juste pour ça!). Pour le reste à l'écoute des "Listen To Your Body Tonight", "Love Me Already" et autre "I'm Making Eyes To You", on a l'impression que le groupe n'a fait que du remplissage, cvoulant ainsi capitaliser sur le succès du EP... Remarquez on pouvait s'en douter vu les déclarations du chanteur-geignard Reggie Youngblood précisant dans ses interviews que le groupe avait souhaité "toucher un public plus large". La production musclé de Brett Butler (ex-Suede...) n'étant à ce titre pas surprenante...
Au final, on se doute que le disque plaira aux fluokids désireux de s'exciter sur le dancefloor... le souci c'est que nous on achète les disques qui en valent la peine, et ce ne sera pas celui-ci.
Dommage...

(Mr Rock)

(http://www.myspace.com/blackkidsrock)