samedi 2 mai 2009

Oldies but goodies : Beck - Sea Change (2002)

Un "oldie" des années 2000 ? Oui, pourquoi pas ? Après tout, il faudra bientôt faire de bilan de la décennies "00"...
Beck, donc, ou les caprices de la mode. En 1993, lorsque le californien débarque avec "Loser", il met tout le monde à genoux. Tube bricolé, refrain sardonique, rythmique rouillée mais imparable : "Loser" a tout bon. Avec Odelay (1996), Beck s'impose. Entre pop cubiste, folk antédiluvien et collages electro, Odelay refuse de choisir et, de ce fait, se révèle comme un des disques indispensables des années 90. Dès lors, le blondinet a la critique et le public dans sa poche et ses productions sont encensées de façon systématiques Les louanges sont méritées pour le très beau Mutations (1998). On se demande ce qui a pu motiver tant d'enthousiasme pour Midnight Vultures (1999), étrange exercice de style funky, dont le mauvais goût peut soit réjouir soit fortement agacer...
C'est à ce moment là que la bulle éclate pour Beck. D'artiste intouchable, il devient légèrement ringard. Un peu comme Björk...
Hélas, ce retournement de tendance parasite la réception, en 2002, de Sea Change. L'album est jugé parfois négativement : trop maniéré, cachant ses faiblesses derrière l'écran sonore élaboré par Nigel Godrich, Sea Change déçoit quelque peu.
Tout faux, bien sûr. Ce disque est un must ! Entouré de la crème des musiciens, secondé par un Godrich qui vient recoller les morceaux (de nombreux producteurs se sont succédés au chevet d'un album dont la naissance fut délicate), Beck livre un disque étonnant. A l'écoute de Sea Change, on a le sentiment d'assister à une apocalypse tranquille, à un tremblement de terre filmé au ralenti. Coup de génie : enregistrer un disque sombre, mélancolique, cafardeux, mais sans jamais tomber dans le pathétique. Beck, tout au long de l'album, semble étrangement en retrait, détaché, et sussure, l'air de rien, des paroles d'une noirceur totale. Morceau après morceau, il est question de mort, de paysages désolés, de tombeaux, de larmes. L'espoir est bien maigre : " There's distant lights but here they're far and few/And the sun don't shine even when it's day". On nage en pleine nervous breakdown..., mais jamais Beck ne râle ni ne geint. Le désespoir, réel ou joué, est servi glacé.
D'où la joliesse des chansons, les afféteries de la production (touches fugaces de glockenspiel, de slide guitar, de clavier), les rythmiques moelleuses... Pas question de se laisser aller. Ce mixte de noirceur et d'élégance, Serge Gainsbourg l'a popularisé, et il n'est guère étonnant que Beck rende hommage au maître avec le sublime "Paper Tiger". Les basses, les arrangements de cordes, les guitares acides, tout, dans ce morceau, rappelle Gainsbourg. Tout, y compris le talent. Loin de photocopier l'original, Beck donne sa version, sa re-création de l'univers de Melody Nelson. C'est superbe.
Outre "Paper Tiger", Sea Change regorge de pépites. Les éclairs de slide de "The Golden Age" ou de "Lonesome Tears" illuminent le disque. Plus loin, les depouillées "Lost Cause" ou "It's All In Your Mind" sont des merveilles de folk délavé. Avec "Round The Bend", Beck tente le grand écart. La guitare et la voix s'inspirent ostensiblement de Nick Drake, les cordes, elles, magnifiques, évoquent les atmosphères d'Angelo Badalamenti. Avec ce superbe morceau, on a l'impression de rouler au ralenti sur Mulholland Drive. Quasi immobile, "Round The Bend" hypnotise. C'est du grand art.
Vous l'avez compris, Sea Change est indispensable...

Mr. Pop

(http://www.myspace.com/beck)

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