mercredi 1 octobre 2008

Oldies But Goodies : The Stooges - Fun House (1970)

On avait laissé nos Stooges (ici) après un premier album qui n'a malheureusement pas eu en son temps le succès qu'il méritait. Elektra dépité par les ventes dérisoires décide que le prochain album devra avoir un côté plus "commercial". Pour ce faire on propose un producteur d'easy listening au groupe qui refuse... et se voit alors proposé Don Gallucci qui a notamment travaillé avec Traffic ou Hendrix. Le groupe accepte mais sans doute pas pour les raisons que l'on croît : Don Gallucci est l'auteur du "Louie Louie" des Kingsmen, morceau qu'Iggy adore (et reprendra tout au long de sa carrière, jusqu'à en livrer une version très personnelle sur American Caesar en 1993)... Toutefois ce bonhomme sur lequel Elektra compte pourtant, décide de transposer sur disque la puissance scénique que déploie le groupe à chacun de ses concerts !
Dans le même temps, le groupe s'est acquis une solide réputation de groupe de scène, et en a profité pour perfectionner leur jeu : techniquement (si le mot à un sens avec les Stooges) le groupe est meilleur qu'à la sortie de The Stooges.
Pour les Stooges, cet album est aussi l'occasion à leur tour de proposer une relecture rock du free jazz pour lequel ils se passionnent, John Coltrane en tête, mais aussi de la musique d'Afrique noire et d'Afrique du Nord que découvre Iggy Pop.
Le résultat est une incongruité dans l'histoire du rock : jamais un tel album n'a vu le jour et personne n'a jamais plus tenté un tel disque, à tel point que l'on a pu parler de free punk, étiquette stupide mais qui révèle le choc qu'a occasionné la sortie de ce Fun House.
Les trois premiers morceaux sont construits sur le même riff, le groupe alternant simplement les tempos, en accentuant à chaque piste la tension qui s'en dégage : "Down On The Street", "Loose" semblent écrits pour laisser place à un "TV Eye" d'anthologie... 3 versions d'un même morceau bâties comme sur le premier opus sur un riff martelé et une rythmique de plomb. Mais à la différence du premier album, le groupe pour le coup a réussi, à "ouvrir les portes de la perception" (cf : The Doors). On se sent emporté dans un tourbillon, un maelström sonore, le tout se terminant dans une transe quasi tribale... L'enchaînement des morceaux en apparaît presque évident.
La Face A se termine par un "Dirt" lourd au rythme pourtant très lent, s'étirant sur sept minutes, mais que l'on sent malsain, "Vicious" comme dirait Lou Reed, comme une descente aux enfers, ou plus sûrement comme les restes d'un mauvais trip...
La Face B compte 3 titres et s'ouvre par ce "1970" pont avec le "1969" du premier album auquel il renvoie : même déflagration sonore et pourtant si différent et tellement plus subtile.
A cela s'ajoute sur "1970", l'introduction d'un saxophoniste, Steven McKay (accessoirement dessinateur de comics) qui opère finalement (en jouant sur les trois titres de la face B), le rapprochement avec la transe du free jazz tant recherchée par le groupe. Ce saxophone qui transcende la fin de "1970", illumine de sa présence le morceau titre "Fun House", donnant l'impression que le groupe décolle, littéralement...
L'album s'achève sur une espèce de jam primal que tout fan de Nirvana devrait écouter l'éprouvant "L.A. Blues"...
Iggy sur ce disque est en grande forme, déclamant ses textes de façon très convaincante, presque théatrale, d'une certaine manière. Sur ceux-ci Iggy raconte sa vie, ses errements et ses tourments, avec une puissance de conviction qui impose le respect, transcendant la démarche adopté par Jim Morrison au sein des Doors. Ou comment l'élève surpasse le maître...
Avec ce disque les Stooges ont réussi un album tout à la fois majestueux, radical et unique... peut être l'un des plus grands disques de rock and roll jamais enregistré...
De plus chose incroyable, le groupe joue "live", les musiciens enregistrant et réenregistrant ensemble les morceaux jusqu'à obtenir LE son qu'ils souhaitaient (en témoigne les nombreuses pistes disponibles depuis 2000 de ces sessions d'enregistrement). Même Iggy Pop chante avec ses acolytes, là où la plupart des chanteurs se contenteraient d'enregistrer leurs voix à part...
Cela n'est pas pour rien dans l'ambiance unique qui se dégage du disque : l'auditeur à l'impression que les Stooges jouent dans son salon !
Un mot sur le titre de l'album, Fun House... Ce nom était celui donné par les Stooges à la maison dans laquelle ils vivaient tous en communauté... C'est dans cette Fun House que le sieur Iggy a reçu de Nico des cours sur le cunnilingus et s'est vu offrir un charmant souvenir d'ordre vénérien... Pour plus d'informations on vous recommandera chaudement (sic) la lecture de "Please Kill Me" monumental pavé de Legs McNeil et Gillian McCain consacré au punk-rock américain.

Comme pour le précédent, l'album sera au mieux ignoré au pire descendu par la presse dite spécialisée... Mais là n'est pas le plus grave... en effet comme leurs potes du MC5 les Stooges vont faire la connaissance de celle qui les détruira : l'héroine...
Shootés au dernier degré, à l'exception de Ron Asheton, les Stooges ne sont que l'ombre d'eux-mêmes accumulant concerts ratés, overdose, décès de Dave Alexander et accidents sordides...
Le groupe splitte et la séparation des Stooges est officiellement annoncée en juillet 1971...

Pourtant alors que rien ne semblait prédisposer le groupe à rejouer ensemble, Iggy va faire une rencontre qui va relancer sa carrière et celle des Stooges...

Mais c'est une autre histoire !

(Mr Rock)

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