Chronique : Beach House - Devotion (2008)

Le rock indé a longtemps été nourri de ces disques neurasthéniques, plus ou moins introspectifs, destinés à cultiver un peu tristement le goût d'un public plutôt réduit pour les ambiances calmes et aériennes, préférant la lente mélancolie à des climats plus agités. On se rappelle notamment des quelques artistes ayant signé sur le bien nommé label « Melankolic » de Massive Attack, dont le manifeste tenait en quatre mots : " Glad to be sad ". Beach House est le digne héritier de cette mouvance, et parvient de façon difficilement explicable à séduire. En effet, la formation se compose seulement d'un mignon petit couple américain du Minnesota qui réalise un prodige : avec une instrumentation minimale, voire minimaliste, Beach House hypnotise littéralement par la grâce de sa chanteuse, Victoria Legrand, dont la voix éthérée transporte nonchalament l'auditeur vers des contrées froides mais hospitalières, et par la troublante légèreté de sa musique.

Cette dernière n'a d'ailleurs que l'apparence de la légèreté, cachant mal le sens aigü des mélodies dont fait preuve le duo , qui parvient à tirer le meilleur des ambiances à la complexité parfois rebutante et un peu kitsch des Cocteau Twins en y injectant leur préférence pour les ballades riches et appaisées d'un Velvet Underground associé à Nico. Cet exploit tient peut-être au vieil adage un brin eugéniste selon lequel "bon sang ne saurait mentir", Victoria Legrand étant la nièce de Michel Legrand. A n'en pas douter, le goût prononcé de tonton pour la mélodie mélancolique a indirectement influencé la conception de cet album, dont le résulat vous aidera à supporter les rigueurs d'un hiver qui n'en finit pas, douillettement calfeutré dans cette maison de rêve, là-bas, dans le Minnesota, près de la plage ...
(Mr Indie)

http://www.myspace.com/beachhousemusic